lundi 24 janvier 2011

IDENTITÉ : GEEK MOM

J'en parlais il y a quelques jours: la diversité des identités peine à se retranscrire sur un blog.
On pourrait, bien sûr, avoir autant de blogs que d'identités, afin de rendre compte de la palette.

Sans aller jusque là, nombreux sont ceux qui entretiennent plusieurs blogs: un personnel et un professionnel, par exemple, mais parfois davantage.
Ainsi Shaya évoque-t-elle ici ses pérégrinations géographiques, littéraires, amoureuses — et ses aventures de libraire en devenir.
Ainsi Cécile entretient-elle son site de graphiste professionnelle, regroupe-t-elle ailleurs ses créations autour de Minus & Gadouille et révèle-t-elle ici sa nature mi-metal mi-midinette.
Encore un conflit d'identité?

C'est qu'une telle fragmentation fausse aussi, malgré tout, l'image de notre identité. Il faudrait encore que tous nos blogs, tous nos sites, soient en réseau et renvoient l'un à l'autre.
Ce qui est très facile à réaliser, à vrai dire.

Ainsi puis-je annoncer que ma facette geek mom n'aura plus besoin de s'exprimer ici puisque j'ai officiellement rejoint le staff de GeekMom.com dont j'incarnerai désormais la french touch. Vous pouvez d'ores et déjà y lire ma première contribution.

mercredi 19 janvier 2011

IDENTITÉ : RÔLISTE

Je suis rôliste, donc.
J'aime bien ce mot, en français, parce qu'il insiste sur le rôle plutôt que sur le jeu. Vieux débat. Pourtant je suis joueuse aussi. Il m'est arrivé, au moins deux fois, de jouer une joueuse.
J'aime aussi le jeu de rôles pour les mises en abyme qu'il offre.

Je suis rôliste parce que j'aime les histoires, j'aime en raconter et que l'on m'en raconte ; j'aime les héros (même noirs, même anti-) ; j'aime le dépaysement, les batailles épiques, les terres inexplorées et les cartographies mystérieuses ; j'aime l'Histoire aussi, et le voyage dans le temps ; je suis rôliste parce que j'aime tricher et démultiplier mes identités, mes possibles.
C'est le thème du Voyage qui domine, n'est-ce pas?
Oui, le rôliste est un explorateur. De mondes, de temps, de caractères, de possibilités, de ses propres facettes.

Cette identité-là m'a offert maintes intensités, maints souvenirs, maints textes (le rôliste est aussi, presque toujours, quelqu'un qui écrit), et même des amours. Des amours imaginaires, certes, mais pas moins belles, pas moins fortes, d'avoir pour objet Corwin, Vykos ou Porthos Fitz-Empress.
J'ai aussi d'intenses souvenirs de maîtrise, ceux que m'ont donné Jorune et ses tourments, Edgar et ses quêtes, Adrien enchaîné à son Arbre…
Et des amis, des amours, réels.
Cette identité-là est une de celles que je partage avec mon Amour.

Ces dernières années, il semblait que les rôlistes français étaient condamnés à vieillir et s'éteindre, si je puis le formuler aussi mélodramatiquement. Nous devenions trentenaires et les plus jeunes générations ne semblaient plus s'intéresser à de tels jeux.
Une identité menacée, donc, comme celles dont parle Amin Maalouf.
Conséquence de cette menace, mécanisme d'auto-défense? Ou belle flamme venant la contredire?
Toujours est-il que le monde du jeu de rôles français redevient plus vivace que jamais.
Les signes en sont nombreux, de la résurrection du mythique magazine Casus Belli au grand nombre de nouveaux jeux publiés récemment en France — souvent aussi par de nouveaux éditeurs. Peut-être en reparlerai-je.

L'un de ces signes est le beau magazine Di6dent qui, après un bel essai modestement considéré comme n°0, consacre son n°1 aux femmes dans le jeu de rôles, dossier pour lequel j'ai eu l'honneur de m'exprimer ici.

Ledit numéro 1 est disponible en PDF au prix défiant toute concurrence de 3 euros, pour 164 pages riches et intéressantes.
Le dossier sur les femmes est particulièrement bien traité. Mention spéciale aux conseils aux MJ masculins pour incarner des personnages féminins, en utilisant finement et dépassant les archétypes (signés Sébastien Delfino), à la question des personnages féminins dans les jeux à cadre historique, et au très beau scénario pour Tenga rédigé par l'auteur du jeu, Jérôme "Brand" Larré, où les joueurs incarnent les épouses de samouraïs partis au combat.

Autre dossier intéressant et bien traité, et qui me touche aussi d'assez près, celui consacré à "la Suisse, l'autre pays du jeu de rôles".

jeudi 13 janvier 2011

IDENTITÉS

En lisant mes derniers posts alors qu'elle n'avait pas visité ce blog depuis longtemps, Oona m'écrivait : "Que vous semblez avoir changé !" — au point de s'être demandée, un moment, s'il s'agissait bien de moi.

J'ai été surprise, bien sûr. Et peut-être bien vexée.

Certes, mes derniers posts — et pour cause ! — parlaient de bébés, un sujet que je n'avais pas de raison d'aborder auparavant.
Certes me voici devenue une maman.
Ai-je pour autant radicalement changé ? Au point d'être presque méconnaissable?

1. Bien sûr, nous n'avons jamais l'impression de changer. Le processus d'évolution intérieure est si progressif que nous avons rarement conscience du changement, et les vieilles personnes avouent souvent ne pas se sentir foncièrement différentes de leur moi jeune. C'est un motif souvent évoqué : nos cellules se renouvellent entièrement tous les dix ou quinze ans. Nous sommes donc chaque fois un être entièrement neuf, pourtant nous gardons une même conscience. Terry Pratchett l'explique ainsi dans Le cinquième éléphant : si vous héritez de la précieuse épée de votre grand-père, et qu'elle reste dans votre famille génération après génération, vous allez être amené à la restaurer régulièrement. Ce faisant, il faudra remplacer des pièces. Telle pierre du pommeau qui se sera descellée ou ternie. Le fourreau entier. Peut-être même faudra-t-il, un jour, remplacer la lame par un acier neuf. Un jour, l'épée ne contiendra plus une seule parcelle de l'arme d'origine de votre aïeul. Pourtant, vous continuerez à la traiter comme telle, à la désigner comme telle et de fait, elle sera telle.

2. Parfois, dans un roman, l'auteur présente un personnage comme "ayant une conscience aigüe de sa propre identité." Si je me souviens bien, c'est par exemple le cas de Benedict dans le Cycle d'Ambre de Zelazny.
Et bien, j'ai, depuis longtemps, une conscience aigüe de ma propre identité. D'où ce malaise, cette petite vexation même, à l'idée que quelqu'un que j'aime puisse ne pas distinguer ce fil, cette continuité, ce noyau. Noyau est le mot le plus juste.
Pourtant nous sommes tous changés par la naissance d'un enfant, chacun le dit, il n'y a pas de honte à ça.
Changée, oui. Pas métamorphosée. Je ne me sens pas métamorphosée. Je ne me sens pas fondamentalement différente. Ma vie, mon emploi du temps, mes préoccupations le sont, à des degrés divers (le degré maximal étant pour l'emploi du temps, évidemment !) Mais le noyau ? Simplement de nouvelles particules gravitent autour de lui.

3. Car c'est ainsi que nous fonctionnons : nous sommes une mosaïque d'identités. Elles ne se superposent pas les unes aux autres, elles ne se remplacent pas, elles s'ajoutent. Ainsi puis-je être une maman geek, une Marseillaise et une Genevoise ou une Pays-de-gessienne, une Française et une Européenne, une agnostique d'éducation catholique sensible à la poésie de toutes les religions, une prof et une rôliste, une agrégée de formation académique au possible et une lectrice (et auteur) de fantasy… et ainsi de suite. Ces identités coexistent pacifiquement dans la plupart des cas, notamment dans le mien qui suis chanceuse (pour le reste, vous pouvez lire l'essai d'Amin Maalouf, Les identités meurtrières et la merveileuse anthologie de Lucie Chenu.)

Et ce blog ne reflète pas fidèlement toutes les facettes. Ou pas régulièrement. Pourtant la forme même du blog, disjointe, fragmentée, mosaïste, nous y encourage. Des outils tels que les Libellés le reflètent.

Quelle photographie des identités de ce blog offrirait par exemple le génial Wordle ?



Il faut bien avouer que les bébés sont très présents, n'est-ce pas ?

Pourtant ce beau nuage n'est qu'un instantané — terriblement lacunaire, si dense parût-il.
Les deux mots qui dominent le nuage de tags, à votre droite, sont MONDES et MOTS. Sans doute le noyau que j'évoquais est-il quelque part entre ces deux mots.