jeudi 3 octobre 2019

#Inktober2 (en retard) : Mindless


2. MINDLESS
Autrefois, on appelait ça des bullshit jobs. On a bien fait de changer. C’était vraiment trop grossier. Et puis les excréments n’ont rien à voir là-dedans. Les mots sont importants, vous savez. On leur a dit qu’ils occupaient des bullshit jobs et les gens se sont sentis insultés, souillés, même. Ils ont commencé à protester, à invoquer leur conscience. Certains sont entrés en dépression, d’autres ont démissionné. Vous vous souvenez du mouvement NTM, que je préfère ne pas traduire, où les gens refusaient d’assister à plus de quatre meetings par jour ? Et je ne parle pas de ceux qui refusaient les déplacements si le temps de transport excédait le temps de réunion, ni du nombre de GIF qui ont fleuri pour ridiculiser le langage corporate. Il y a même eu des articles universitaires sur le sujet !
Il suffisait de changer de mot : mindless jobs. C’est moi qui ai déposé l’expression, vous savez ? Plus de grossièreté, plus d’excrément, plus de révolte. Mindless : on le fait sans y penser, on le fait puis on n’y pense plus, il ne faut pas trop réfléchir à ces choses-là, sinon c’est le burn-out assuré et c’est vous qui en payez le prix.
Et vous voyez, c’est le mot qui a créé la réalité. Puisque ce sont des mindless jobs, autant les donner à des mindless people, right ? D’une certaine façon, c’est grâce à moi qu’a été inventée la MRT™[1]. C’est extraordinaire, personne n’aurait imaginé une telle avancée il y a dix ans ! … Qu’est-ce que vous dites ? On appelle ça des Z jobs maintenant ? Je ne comprends pas. Z comme quoi ?

Breaking news: MRT™ a remporté son procès. Les employés ayant subi la technologie mind-relieving conserveront tous leurs droits civiques, même si les réseaux sociaux continuent de les surnommer corporate zombies.


[1] MRT = Mind-Relieving Technology.

Aucun commentaire: