Enfant, adolescente, je dévorais les romans d'aventures historiques.
Des héros brillants et courageux, un cadre passionnant d'intrigues politico-historiques, des combats à l'épée, de grands serments d'amour ou d'amitié (qui finissaient mal, en général.)
En choisir un pour cette liste, un seul, est un crève-coeur.
Cela aurait pu être Dumas (Grabuge m'en voudra terriblement qu'il n'en soit pas ainsi.) C'est lui, après tout, qui a lancé en France cette habitude d'enfanter à l'Histoire de beaux bâtards. Cela aurait pu être Dumas, pour Les Trois Mousquetaires qui furent ma première émotion de théâtre avant d'être une émotion de lectrice, pour la fougue de D'Artagnan que j'ai même incarné, pour la sombre mélancolie d'Athos, pour la subtile séduction d'Aramis, pour les larmes versées par auteur et lecteur à la mort du brave Porthos. Ou, plus tard, pour le long et vain et rageant et sanglant duel, à la fin de La Dame de Monsoreau.
Ou bien cela aurait pu être Paul Féval. Lagardère reste inscrit en moi de bien des façons, et aussi ses interprètes au cinéma — je parle de ceux d'autrefois, ceux qui étaient rediffusés dans mon enfance. Je pense aux sourires et à l'enthousiasme qui me soulevait dans mon fauteuil en regardant Jean Marais, à la tendresse que j'ai gardée pour lui. Je pense à l'émotion plus grave qui m'étreignait en regardant Pierre Blanchar veiller sur son Aurore.
Ou bien, dans un genre un peu différent, cela aurait pu être Les Rois Maudits de Maurice Druon. Pendant des mois, j'ai su Le Roi de Fer par coeur. J'entends par coeur au sens littéral : je l'avais adapté et mis en scène pour deux comédiennes, nous nous partagions tous les rôles, et savions l'intégralité des dialogues par coeur. J'avais treize ans. J'aimais la verve de Robert d'Artois, les défis de Marguerite de Bourgogne, l'intelligence politique de Philippe. Je ressemblais, surtout, à Isabelle d'Angleterre, j'étais déjà partagée entre la maîtrise et la passion, et ces désirs qui peuvent conduire aux grands règnes, aux grands sacrifices, aux grandes amours, aux grandes tragédies.
Cela aurait pu.
Mais c'est, finalement, Michel Zévaco et son Pardaillan.
Pour ce héros nouveau qui ressemble à tous les autres et les dépasse.
Pour sa bravoure sans illusion, pour son panache plus magnifique d'être plus désespéré, pour son ironie salutaire qui ne se change jamais en cynisme, pour sa solitude essentielle et sans amertume.
Parce que Pardaillan ressemble à Cyrano et le dépasse — en humanité.
Non qu'il soit plus grand ; mais il vient plus tard.
Composé à l'aube du XXe siècle, cette époque de fureur sans concession, de plumes acides, de rêves nouveaux et de désillusions.
Il a en lui le panache et l'énergie du XIXème siècle, les ombres et les désillusions du XXe.
Il sait être flamboyant, impitoyable — tendre.
Je suis revenue à lui longtemps après, en maîtrise, pour l'exercice universitaire qui m'a le plus amusée.
Un jour, peut-être, écrirai-je un roman de cape et d'épée.
4 commentaires:
Eh ben voilà, j'ai mon prochain livre à lire. Merci ! :) (Frédou)
J'espère que cela te plaira !
(il faut passer le prologue du premier tome, où le personnage principal n'apparaît pas, et qui peut être moins… attrayant)
Il y a tous ceux que tu cites mais aussi Stevenson, Walter Scott et leurs "méchants" romantiques et désespérs au service de causes maudites.
B2M
Diable, oui, je voulais citer Walter Scott dans ce message et j'ai honteusement oublié…
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