La pomme est posée là. Dans ma bibliothèque. Je la laisse bien en vue pour ne pas l’oublier, pour qu’elle s’impose sans cesse à ma rétine.
Mais ce n’est pas vraiment nécessaire. Rouge et luisante, elle déforme la lumière autour d’elle.
Elle déforme peut-être bien la réalité, aussi.
Une pomme, et le conte déborde sur le monde, la fiction sur la réalité.
Si je cligne les yeux comme ceci, des tiges en sortent de toute part, elles poussent, elles s’étendent, elles recouvrent la bibliothèque comme un lierre, l’univers comme une toile d’araignée.
Si j’incline un peu la tête comme cela, elle m’éblouit comme un miroir, comme un écran.
Alors je lui tourne le dos, je l’oublie, j’essaie de ne pas me demander si elle marque un début ou une fin, si elle est miracle ou méfait.
Elle est posée là. Intacte, en apparence. Il ne faut pas la saisir, pas la retourner : on verrait la marque d’une morsure.
C’est là que tu as croqué, Alan.
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