Parfois nous n’en pouvons plus.
Nous avons tout essayé. Mais ça n’a rien à voir avec la bonne volonté, avec la volonté tout court.
Parfois c’est le monde qui ne veut plus. C’est une petite chose, et puis une autre, et encore une, tout un mur de petites briques, sales et branlantes, qui nous cachent le soleil, qui finiront par s’écrouler sur nous. C’est comme un de ces jeux de Mikado, ou plutôt le contraire, on ajoute un cube, encore un cube, jusqu’à celui qui fera tomber tout l’édifice.
On ne peut pas prévoir de quel cube il s’agira, sa couleur, sa taille. C’est un article de plus sur le réchauffement climatique, et la fin qui s’en vient. C’est le collègue qui s’emporte soudain, on ne sait pas pourquoi. C’st un mail désagréable de notre supérieur. C’est un automobiliste qui nous klaxonne parce que nous respectons la limitation de vitesse. C’est un enfant qui tombe malade l’après-midi où nous avions prévu de nous reposer, ou l’après-midi où nous croulons sous le travail, c’est toujours la mauvaise après-midi. Mais ce n’est pas la faute du cube. Ce n’est la faute de personne.
C’est trop.
C’est le moment où certains prennent le train et s’en vont pour toujours, le moment où certains s’endorment pour cent ans, comme dans les contes. Le moment où la besace magique est vide, inexplicablement, on a beau glisser sa main au fond, la retourner, il ne reste rien, pas une miette de gâteau, ni d’or, ni de courage.
Le moment où je me glisse derrière la bibliothèque, à cet endroit-là, et j’ouvre la petite porte bleue, de mots et d’ivoire, qui n’est jamais fermée.
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