Ne croyez pas que je dors bien la nuit.
J’ai la panoplie complète : insomnie, sueurs froides, cauchemars, angoisses sur le coup des trois heures du matin.
J’ai fait comme les pires sorcières : voiler tous les miroirs où mon visage pourrait se refléter. Mon visage de lâche, mon visage de traîtresse.
Si je rêve, c’est de tous ceux que j’ai laissés en arrière, de tout ce qui est en train de se consumer à jamais. Je ne sais pas où ils en sont. Je ne tiens pas à savoir. Laquelle des calamités a eu leur peau en fin de compte — la chaleur, la montée des eaux, la pollution, la guerre, je ne sais pas. Dans mes cauchemars, j’entends parfois le bruit des sabots, et je ne sais pas si son ceux de la Jument Nocturne ou des cavaliers de l’Apocalypse.
Ne croyez pas que j’échappe aux remords.
Mais le crépuscule illumine les collines à l’ouest de la maison, et les feuilles d’automne tournent dans la brise. Nous avons allumé la cheminée. Les enfants se poursuivent et rient dans le jardin.
J’ai abandonné tout ce qu’il est possible d’abandonner. La Terre elle-même.
Mais je serre le thé chaud entre mes mains, je serre les enfants entre mes bras, et je souris. Tranquille.
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