Il faudrait un mot pour ces inventions à mi-chemin entre l'idée et le rêve, émergées du sommeil (et parfois aussi de la Migralgine): idream, en anglais ? en français, oniridée? Je ne sais pas, mais l'appel à mots est lancé.
Entre état grippal, mois de décembre, relecture des Harry Potter et visite chez Schilliger ce livre a donc surgi dans mes pensées.
L'édition 2008 du best-seller sans cesse remis à jour BEWITCHING CHRISTMAS, astuces et sortilèges pour les plus beaux Noëls sorciers !
On y trouverait tout :
…des calendriers de l'Avent: un tour d'horizon du marché, depuis les classiques ("Bertie Crochue et les 24 saveurs de Noël"; les calendriers Chocogrenouilles où l'on trouve toujours Merlin ou Dumbledore pour le 24 décembre car ce sont les seuls à accepter de se déguiser en Père Noël…) jusqu'aux contestés Avents Divinatoires réalisés à partir du thème astral de votre enfant par Madame T…, voyante extralucide, en passant par les nouveaux Calendriers Surprises de chez Weasleys' Wizard Wheezes (et des solutions exclusives fournies par George Weasley lui-même en cas de débordement intempestif de certains sortilèges…). Tout pour réaliser des calendriers "maison" et bien sûr les indispensables Charmes Calendaires et autres Sortilèges de Limitation de Date pour empêcher les petits curieux ou gourmands d'ouvrir toutes les fenêtres dès le 1er décembre…
…des astuces pour la plus féerique des décorations de Noël: les meilleures conjurations de tapis de neige (qui ne mouille pas, ne fond pas, ne crisse pas avec un bruit de plastique), les enchantements de Flocons, de Givre Magique pour vos fenêtres, de stalactites cristallines pour votre sapin; les conseils des meilleurs Botanistes pour choisir votre sapin, l'enchanter sans nuire à sa croissance, et le transplanter aisément dans votre salon (puis hors de votre salon après les fêtes !); comment remettre à neuf les décorations des années précédentes (et comment vérifier l'état des sortilèges pour les accessoires enchantés: n'oubliez pas qu'un sortilège ayant dépassé la date de péremption peut se révéler extrêmement dangereux); comment utiliser des Fées pour vos décorations de Noël (sans occasionner de blessure physique, psychologique et morale aux dites Fées, conformément à la législation, chapitre validé par la Société de Protection des Créatures Magiques)… Nouveau cette année: des idées de Noëls aux couleurs de votre maison de Poudlard favorite!
…les plus extraordinaires des lumières magiques: Chandelles Flottantes, Lucioles apprivoisées, Voies Lactées domestiques, Etoiles des Neiges, Guirlandes Stellaires, les plus performants des enchantements Multicolores, y compris des assortis automatiques pour les sorciers daltoniens. Ce chapitre inclut les dernières avancées en matière de Sortilèges Gèle-Flammes, des solutions adaptées aux environnements les plus inflammables et à la présence de très jeunes sorcier(e)s…
…et bien d'autres choses: les derniers sortilèges de Chaussons Sans Fond pour caser tous les cadeaux dans chaque paire de souliers (et les sorts de secours pour récupérer objets ou sorciers qui y seraient tombés par mégarde); les Pièges à Cheminée de Weasleys' Wizard Wheezes qui ont déclenché l'an dernier une telle polémique; les meilleurs moyens d'enchanter le Gui pour inciter au baiser les sorciers et sorcières qui passeront dessous (avec un démenti officiel des Botanistes de l'Académie: non, le Gui n'est pas infesté de Nargoles, c'est un végétal sain et sans danger qui peut être suspendu dans toute maison de sorciers); les meilleurs enchantements musicaux de christmas carols (y compris le fameux Swing Zap' : transformez les poncifs de Celestina Moldubec en tubes rock n'roll)…
Les familles les plus traditionalistes se réjouiront de retrouver la célèbre Mesure à Enfants Sages qui permet de déterminer combien de cadeaux méritent réellement vos bambins.
…et bien sûr de nouvelles recettes de fête pour votre réveillon, ainsi que les meilleures Potions anti-gueule de bois et indigestions pour les lendemains difficiles…
Disponible dans toutes les bonnes librairies !
Chez Fleury et Bott, pour chaque exemplaire acheté de l'édition 2008 de BEWITCHING CHRISTMAS vous sera offert un rouleau de papier cadeau auto-pliant de la couleur de votre choix.
samedi 13 décembre 2008
lundi 8 décembre 2008
LE PAYS OU JE VIS (1)
(Pour ma Filleule, qui se demande où habite sa Marraine)
Le Pays où je vis, depuis près de deux ans, est une drôle de terre. Une frontière, comme je les aime. C'est un pays coincé entre deux pays — deux vrais pays, ceux qui sont sur les cartes et ont droit à une couleur sur les planisphères.
La Pays où je vis appartient à la France, officiellement. Mais si les frontières étaient géographiques, il ne le serait pas. Il est séparé de la France par la plus solide des frontières: une chaîne de montagnes.
Le pays où je vis est coincé entre le Jura, les Alpes et le Léman. Il est tellement plus proche de la Suisse que les Français ont essayé de le vendre aux Genevois, il y a longtemps, pour quelques francs symboliques. Genève a refusé avec horreur: si elle l'avait englobé, elle aurait basculé entre les bras des Infâmes Papistes, et se serait retrouvée à majorité catholique. Inacceptable, vraiment.
Il est donc resté français, mais il est beaucoup plus rapide de s'y rendre à Genève que dans n'importe quelle ville française (y compris sa préfecture). D'ailleurs, beaucoup de choses y sont suisses (les loyers, par exemple, et les plaques d'immatriculation d'une voiture sur deux).
C'est tout de même une frontière: il y a des douanes partout, sans quoi on pourrait passer la frontière sans s'en apercevoir (cela arrive même sur les terrains de sport du lycée). C'est plutôt amusant, les douanes, avec les chicanes et les drôles de petites maisons étroites et hautes, des maisons de garde-barrières. Ce qui est moins amusant, ce sont les douaniers. Heureusement, beaucoup de douanes sont "volantes". Ce qui ne veut pas dire qu'elles gardent les airs et régulent la circulation des tapis volants, mais tout simplement qu'elles sont privées de douaniers. Enfin, presque toujours. Parfois ils y déboulent en catimini, en motos. Mais pas en motos volantes, dommage. Heureusement aussi, les douaniers n'arrêtent jamais les jeunes femmes aux yeux bleus. Quand je passe la douane, je baisse ma vitre, j'ôte mes lunettes de soleil, et je souris.
C'est un drôle de pays, qui se prend un peu au sérieux. Il y a de quoi: de mes fenêtres, je vois le Jura d'un côté, et de l'autre, le plus haut sommet d'Europe et le plus grand lac d'Europe (autant faire d'une pierre deux coups). De l'autre côté du Lac, c'est encore la France: la frontière a un dessin très compliqué. Mais les gens qui habitent là-bas sont méprisés de tous, des Suisses et des habitants de mon Pays. Fi, ce sont les pires étrangers!
Toutes les villes et tous les villages ont un nom qui se termine en -X ou en -Y. Sûrement parce que ce sont les lettres les plus chères. Pour tendre des pièges aux étrangers, on ne prononce pas les -X. Pour raffiner le piège, on en prononce tout de même un, celui de la ville qui donne son nom au Pays.
Il y a toutes sortes de pièges, d'ailleurs. Les nombres sont aussi compliqués à épeler que les toponymes locaux. Dans les magasins, on vous propose gentiment un cornet.
Toutes les villes prétendent au titre de Ville-Porte.
Il faut croire qu'on ne sait plus trop où se situe la porte, à force de longer des frontières.
On ne sait pas non plus sur quoi elle ouvre.
Le Pays que j'habite est souvent enfoui sous les Brumes. Il faut grimper sur les montagnes pour en émerger, et contempler d'en haut cette mer de nuages à la Caspar David Friedrich.
Il est peut-être dans l'Autre Monde.
Il en serait bien capable.
Je traverse la Porte chaque jour.
Le Pays où je vis, depuis près de deux ans, est une drôle de terre. Une frontière, comme je les aime. C'est un pays coincé entre deux pays — deux vrais pays, ceux qui sont sur les cartes et ont droit à une couleur sur les planisphères.
La Pays où je vis appartient à la France, officiellement. Mais si les frontières étaient géographiques, il ne le serait pas. Il est séparé de la France par la plus solide des frontières: une chaîne de montagnes.
Le pays où je vis est coincé entre le Jura, les Alpes et le Léman. Il est tellement plus proche de la Suisse que les Français ont essayé de le vendre aux Genevois, il y a longtemps, pour quelques francs symboliques. Genève a refusé avec horreur: si elle l'avait englobé, elle aurait basculé entre les bras des Infâmes Papistes, et se serait retrouvée à majorité catholique. Inacceptable, vraiment.
Il est donc resté français, mais il est beaucoup plus rapide de s'y rendre à Genève que dans n'importe quelle ville française (y compris sa préfecture). D'ailleurs, beaucoup de choses y sont suisses (les loyers, par exemple, et les plaques d'immatriculation d'une voiture sur deux).
C'est tout de même une frontière: il y a des douanes partout, sans quoi on pourrait passer la frontière sans s'en apercevoir (cela arrive même sur les terrains de sport du lycée). C'est plutôt amusant, les douanes, avec les chicanes et les drôles de petites maisons étroites et hautes, des maisons de garde-barrières. Ce qui est moins amusant, ce sont les douaniers. Heureusement, beaucoup de douanes sont "volantes". Ce qui ne veut pas dire qu'elles gardent les airs et régulent la circulation des tapis volants, mais tout simplement qu'elles sont privées de douaniers. Enfin, presque toujours. Parfois ils y déboulent en catimini, en motos. Mais pas en motos volantes, dommage. Heureusement aussi, les douaniers n'arrêtent jamais les jeunes femmes aux yeux bleus. Quand je passe la douane, je baisse ma vitre, j'ôte mes lunettes de soleil, et je souris.
C'est un drôle de pays, qui se prend un peu au sérieux. Il y a de quoi: de mes fenêtres, je vois le Jura d'un côté, et de l'autre, le plus haut sommet d'Europe et le plus grand lac d'Europe (autant faire d'une pierre deux coups). De l'autre côté du Lac, c'est encore la France: la frontière a un dessin très compliqué. Mais les gens qui habitent là-bas sont méprisés de tous, des Suisses et des habitants de mon Pays. Fi, ce sont les pires étrangers!
Toutes les villes et tous les villages ont un nom qui se termine en -X ou en -Y. Sûrement parce que ce sont les lettres les plus chères. Pour tendre des pièges aux étrangers, on ne prononce pas les -X. Pour raffiner le piège, on en prononce tout de même un, celui de la ville qui donne son nom au Pays.
Il y a toutes sortes de pièges, d'ailleurs. Les nombres sont aussi compliqués à épeler que les toponymes locaux. Dans les magasins, on vous propose gentiment un cornet.
Toutes les villes prétendent au titre de Ville-Porte.
Il faut croire qu'on ne sait plus trop où se situe la porte, à force de longer des frontières.
On ne sait pas non plus sur quoi elle ouvre.
Le Pays que j'habite est souvent enfoui sous les Brumes. Il faut grimper sur les montagnes pour en émerger, et contempler d'en haut cette mer de nuages à la Caspar David Friedrich.
Il est peut-être dans l'Autre Monde.
Il en serait bien capable.
Je traverse la Porte chaque jour.
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