samedi 13 décembre 2008

BEWITCHING CHRISTMAS

Il faudrait un mot pour ces inventions à mi-chemin entre l'idée et le rêve, émergées du sommeil (et parfois aussi de la Migralgine): idream, en anglais ? en français, oniridée? Je ne sais pas, mais l'appel à mots est lancé.
Entre état grippal, mois de décembre, relecture des Harry Potter et visite chez Schilliger ce livre a donc surgi dans mes pensées.

L'édition 2008 du best-seller sans cesse remis à jour BEWITCHING CHRISTMAS, astuces et sortilèges pour les plus beaux Noëls sorciers !
On y trouverait tout :

…des calendriers de l'Avent: un tour d'horizon du marché, depuis les classiques ("Bertie Crochue et les 24 saveurs de Noël"; les calendriers Chocogrenouilles où l'on trouve toujours Merlin ou Dumbledore pour le 24 décembre car ce sont les seuls à accepter de se déguiser en Père Noël…) jusqu'aux contestés Avents Divinatoires réalisés à partir du thème astral de votre enfant par Madame T…, voyante extralucide, en passant par les nouveaux Calendriers Surprises de chez Weasleys' Wizard Wheezes (et des solutions exclusives fournies par George Weasley lui-même en cas de débordement intempestif de certains sortilèges…). Tout pour réaliser des calendriers "maison" et bien sûr les indispensables Charmes Calendaires et autres Sortilèges de Limitation de Date pour empêcher les petits curieux ou gourmands d'ouvrir toutes les fenêtres dès le 1er décembre…

…des astuces pour la plus féerique des décorations de Noël: les meilleures conjurations de tapis de neige (qui ne mouille pas, ne fond pas, ne crisse pas avec un bruit de plastique), les enchantements de Flocons, de Givre Magique pour vos fenêtres, de stalactites cristallines pour votre sapin; les conseils des meilleurs Botanistes pour choisir votre sapin, l'enchanter sans nuire à sa croissance, et le transplanter aisément dans votre salon (puis hors de votre salon après les fêtes !); comment remettre à neuf les décorations des années précédentes (et comment vérifier l'état des sortilèges pour les accessoires enchantés: n'oubliez pas qu'un sortilège ayant dépassé la date de péremption peut se révéler extrêmement dangereux); comment utiliser des Fées pour vos décorations de Noël (sans occasionner de blessure physique, psychologique et morale aux dites Fées, conformément à la législation, chapitre validé par la Société de Protection des Créatures Magiques)… Nouveau cette année: des idées de Noëls aux couleurs de votre maison de Poudlard favorite!

les plus extraordinaires des lumières magiques: Chandelles Flottantes, Lucioles apprivoisées, Voies Lactées domestiques, Etoiles des Neiges, Guirlandes Stellaires, les plus performants des enchantements Multicolores, y compris des assortis automatiques pour les sorciers daltoniens. Ce chapitre inclut les dernières avancées en matière de Sortilèges Gèle-Flammes, des solutions adaptées aux environnements les plus inflammables et à la présence de très jeunes sorcier(e)s…

…et bien d'autres choses: les derniers sortilèges de Chaussons Sans Fond pour caser tous les cadeaux dans chaque paire de souliers (et les sorts de secours pour récupérer objets ou sorciers qui y seraient tombés par mégarde); les Pièges à Cheminée de Weasleys' Wizard Wheezes qui ont déclenché l'an dernier une telle polémique; les meilleurs moyens d'enchanter le Gui pour inciter au baiser les sorciers et sorcières qui passeront dessous (avec un démenti officiel des Botanistes de l'Académie: non, le Gui n'est pas infesté de Nargoles, c'est un végétal sain et sans danger qui peut être suspendu dans toute maison de sorciers); les meilleurs enchantements musicaux de christmas carols (y compris le fameux Swing Zap' : transformez les poncifs de Celestina Moldubec en tubes rock n'roll)…
Les familles les plus traditionalistes se réjouiront de retrouver la célèbre Mesure à Enfants Sages qui permet de déterminer combien de cadeaux méritent réellement vos bambins.

…et bien sûr de nouvelles recettes de fête pour votre réveillon, ainsi que les meilleures Potions anti-gueule de bois et indigestions pour les lendemains difficiles…

Disponible dans toutes les bonnes librairies !
Chez Fleury et Bott, pour chaque exemplaire acheté de l'édition 2008 de BEWITCHING CHRISTMAS vous sera offert un rouleau de papier cadeau auto-pliant de la couleur de votre choix.

lundi 8 décembre 2008

LE PAYS OU JE VIS (1)

(Pour ma Filleule, qui se demande où habite sa Marraine)

Le Pays où je vis, depuis près de deux ans, est une drôle de terre. Une frontière, comme je les aime. C'est un pays coincé entre deux pays — deux vrais pays, ceux qui sont sur les cartes et ont droit à une couleur sur les planisphères.
La Pays où je vis appartient à la France, officiellement. Mais si les frontières étaient géographiques, il ne le serait pas. Il est séparé de la France par la plus solide des frontières: une chaîne de montagnes.
Le pays où je vis est coincé entre le Jura, les Alpes et le Léman. Il est tellement plus proche de la Suisse que les Français ont essayé de le vendre aux Genevois, il y a longtemps, pour quelques francs symboliques. Genève a refusé avec horreur: si elle l'avait englobé, elle aurait basculé entre les bras des Infâmes Papistes, et se serait retrouvée à majorité catholique. Inacceptable, vraiment.
Il est donc resté français, mais il est beaucoup plus rapide de s'y rendre à Genève que dans n'importe quelle ville française (y compris sa préfecture). D'ailleurs, beaucoup de choses y sont suisses (les loyers, par exemple, et les plaques d'immatriculation d'une voiture sur deux).

C'est tout de même une frontière: il y a des douanes partout, sans quoi on pourrait passer la frontière sans s'en apercevoir (cela arrive même sur les terrains de sport du lycée). C'est plutôt amusant, les douanes, avec les chicanes et les drôles de petites maisons étroites et hautes, des maisons de garde-barrières. Ce qui est moins amusant, ce sont les douaniers. Heureusement, beaucoup de douanes sont "volantes". Ce qui ne veut pas dire qu'elles gardent les airs et régulent la circulation des tapis volants, mais tout simplement qu'elles sont privées de douaniers. Enfin, presque toujours. Parfois ils y déboulent en catimini, en motos. Mais pas en motos volantes, dommage. Heureusement aussi, les douaniers n'arrêtent jamais les jeunes femmes aux yeux bleus. Quand je passe la douane, je baisse ma vitre, j'ôte mes lunettes de soleil, et je souris.

C'est un drôle de pays, qui se prend un peu au sérieux. Il y a de quoi: de mes fenêtres, je vois le Jura d'un côté, et de l'autre, le plus haut sommet d'Europe et le plus grand lac d'Europe (autant faire d'une pierre deux coups). De l'autre côté du Lac, c'est encore la France: la frontière a un dessin très compliqué. Mais les gens qui habitent là-bas sont méprisés de tous, des Suisses et des habitants de mon Pays. Fi, ce sont les pires étrangers!
Toutes les villes et tous les villages ont un nom qui se termine en -X ou en -Y. Sûrement parce que ce sont les lettres les plus chères. Pour tendre des pièges aux étrangers, on ne prononce pas les -X. Pour raffiner le piège, on en prononce tout de même un, celui de la ville qui donne son nom au Pays.
Il y a toutes sortes de pièges, d'ailleurs. Les nombres sont aussi compliqués à épeler que les toponymes locaux. Dans les magasins, on vous propose gentiment un cornet.
Toutes les villes prétendent au titre de Ville-Porte.
Il faut croire qu'on ne sait plus trop où se situe la porte, à force de longer des frontières.
On ne sait pas non plus sur quoi elle ouvre.

Le Pays que j'habite est souvent enfoui sous les Brumes. Il faut grimper sur les montagnes pour en émerger, et contempler d'en haut cette mer de nuages à la Caspar David Friedrich.
Il est peut-être dans l'Autre Monde.
Il en serait bien capable.

Je traverse la Porte chaque jour.

samedi 1 novembre 2008

SAISONS

Je viens d'une ville au Sud.
Je viens d'un pays où les saisons ne sont que des dates dans un calendrier, où il ne reste d'elles que quelques jalons, quelques platanes qui perdent leurs feuilles, quelques fêtes, quelques changements de tenue.
Alors que les saisons sont rythmes, cycles — couleurs, surtout.

Les saisons sont couleurs, comme sur les images des livres d'enfants, comme sur ce puzzle que j'aimais tant, le même village passant de mois en mois, se métamorphosant, se parant de teintes nouvelles, de codes nouveaux.
Les saisons font le monde métamorphe.
A présent, je le vois.

L'explosion jaune des prés de jonquilles au printemps.
L'explosion d'or et de sang, de flamme et de pelages roux, des forêts de feuillus à l'automne.
Si violentes et si fugaces, des moments à saisir, vous passez une semaine trop tôt, une semaine trop tard, et c'est prdu, vous ne les verrez pas cette fois, repassez dans un an.
Le miracle plus durable de blanc et de cristal, le miracle narnien des sapins alourdis par la neige, éclairés de stalactites, des lacs gelés, des souffles suspendus dans l'air glacé.
A présent, je le vois.
A présent je peux mesurer le temps ainsi — le temps des perce-neiges et celui des jonquilles, le temps des moissons et celui du regain, le temps des premières neiges, la valse hésitante que se livrent l'automne et l'hiver, à savoir qui prendra le pas sur l'autre, que se livrent à nouveau l'hiver et le printemps. Les saisons d'équinoxes n'ont pas la tâche facile. Leurs soeurs n'en finissent pas de leur voler la vedette, de déborder dans leur lit, d'envahir leur territoire, d'été indien en hiver précoce.
Mais elles ont les couleurs. Les plus chaudes, les plus éclatantes. Elles ont la lumière et le charme des beautés éphémères.

Ne croyez pas que les frontières des saisons ne soient que calendaires.
Elles sont aussi géographiques.
L'espace et le temps s'emmêlent, au pays où je vis, et il nous arrive souvent d'aller passer le week-end dans une autre saison.
Il suffit de monter en voiture, de prendre le chemin du Col de la Faucille. De monter.
Petit à petit nous changeons de royaume.
Les arbres sont de moins en moins verts. Les feuilles se teintent de roux, se couvrent de sang séché, les reliefs craquants de l'automne envahissent la route.
Et nous montons.
Les feuilles tombent des arbres. L'air se fait plus froid, commence à voltiger devant nous, en flocons. Bientôt les champs seront blancs et les chalets se réfugieront sous les sapins. Bientôt nous serons en Hiver.
Et le lendemain, nous redescendrons, ferons le chemin à l'envers, passerons à nouveau la frontière des brumes, jusqu'à la plaine où s'achève l'été.

Car il en est ainsi, au pays où je vis,
où se sont réfugiées les saisons.

jeudi 30 octobre 2008

RETOUR EN MUSIQUE

Il y a longtemps.
Trop longtemps.
Le trop long temps du manque, de l'absence, de la nostalgie, de l'enfouissement sous le travail.
Le trop long temps du sable qui glisse entre vos doigts.
Trop longtemps et tant à dire.
Alors je commence par répondre à un défi impossible, celui de Lucie :


- Choisir 5 chansons qui vous ressemblent et dire pourquoi
- Faire une petite playlist avec
- Rajouter en sixième position "The Song", celle que vous aimez d’amour, plus jamais vous ne pourrez vivre sans
- Et taguer 5 personnes de votre choix.

Bien sûr, c'est un de ces jeux où tout le monde triche, où la tricherie est inscrite dans la règle du jeu.
Parce que personne ne peut se limiter à choisir cinq, ni six, chansons.
Parce que la musique est l'art volatil, l'art changeant, l'art du temps qui fuit entre nos doigts, justement.
Parce que l'autoportrait, même musical, même chinois, est toujours faussé.

J'ai donc choisi cinq chansons qui me parlent d'amour, qui parlent de mes amours.
Parce que c'est un des grands rôles, une des grandes magies de la musique. Pas un cliché, non, beaucoup plus que cela. Tous les amoureux se retrouvent en chansons.
Et parce que c'est, tout compte fait, une belle façon de se définir :
Je suis ceux que j'aime.
Qu'il en soit ainsi.
Même si pour chacun d'entre eux j'aurais pu choisir dix autres chansons.










Pour M., mon Amour, mon Fou, ma Joie, l'homme qui partage ma vie : "Good Fortune" de P.J. Harvey.
Au tout début, dans les remous et les ténèbres, dans le froid de l'éloignement, il m'envoyait des chansons, comme font tous les Amoureux, et nous nous raccrochions au fil de ces notes lancées à travers l'abîme.
Celle-ci, parce qu'il est vraiment ma "bonne fortune".
J'espère être la sienne.

Pour Dorian, et pour mille autres raisons, mon premier "Voyage" avec le Voyage de Noz, que je continue de suivre tant bien que mal. Ils sont depuis longtemps en lien sur ce blog, je les ai vus, écoutés, écrits… J'espère que cette histoire ne s'arrêtera pas là.
Et Dorian ? Un autre Fou bien-aimé avec lequel j'ai arpenté les rues d'un Vieux Port et maints lieux de perdition.

Pour V., "Bang Bang" de Nancy Sinatra, rappelé à tous les souvenirs par la BO de Kill Bill. Parce que V. est Bill, parmi maints autres rôles joués auprès de moi, que j'aurais pu décliner en maintes autres chansons. Parce que lui et ses ombres restent un part de moi, même à présent.

Pour quel aimé, "Into the West" ? Pour quel roi qui n'en finit pas de revenir ?
Pour Aragorn, pour Arthur ?
Plus que cela.
Pour les Elfes. Pour les navires. Pour la Mer, la vraie, celle qui emporte nos coeurs avec elle. Pour les Iles à l'Ouest du monde.
Pour l'Exilée en moi, et pour tous les "vrais marins".

Cela fait quatre seulement.

Voici pour C.


Encore un voyage, n'est-ce pas ?
C'est dans la nature de la musique.
Vers Avalon, vers tous les autres mondes, et le coeur de ce Prince-là.

J'ai triché.
Mais je suis revenue à ce blog.
Merci, Lucie.

mercredi 4 juin 2008

ELENA ANDREEVNA : HOMMAGE

Elle a vingt-sept ans. Elle est belle, instruite, élégante, mariée à un vieillard presque célèbre.
Elle irradie. Elle est la passante aérienne qu'on n'en peut plus de désirer.

Elle n'en peut plus de porter ce poids-là.
Que les hommes la désirent forcément (sauf celui qu'il faudrait), que les femmes la craignent, qu'on la change en icône.
Ce n'est pas une "pauvre petite fille riche". Ce n'est pas du tout une petite fille.
C'est une femme, une vraie, riche d'une intense vie intérieure.
C'est une femme, mais elle n'est pas entière. Elle ne le sera jamais. Cette intégrité, c'est le monde lui-même qui la lui dénie.
Le monde, et pas seulement les conventions sociales. Elena Andreevna, qui a la grâce suprême de l'humilité, se prétend et se croit terne, petite bourgeoise, canari encagé trop faible pour fuir.

Mais ce n'est pas la faiblesse qui rogne ses ailes, ralentit ses gestes, assoupit son pas. Ce n'est pas le manque d'envergure qui l'emprisonne. Ce n'est pas même seulement le sens du devoir.
C'est le monde, et la science qu'elle en a. Une science innée et infinie, celle de la Russie et de son passé, un savoir qui la condamne à la lassitude et à l'acceptation.
Elena Andreevna est condamnée à comprendre.
Et celle qui comprend ne peut haïr, ni se rebeller, ni fuir.
Elle n'a pas le choix.
A peine peut-elle, parfois, se réfugier dans un livre ou dans un jardin, à l'abri des regards et des passions.
Elle n'a pas le choix, il ne lui reste qu'à regarder les hommes errer et se détruire, et ne rien pouvoir faire, sa volonté émoussée par son âme trop vaste, sa conscience trop ancienne.
Elle ne recevra en viatique que l'absolution de sa beauté, une amère consécration.
Elle regardera la jeune fille impétueuse épouser l'idéaliste qu'elle ne comprend pas, que seule Elena elle-même aurait pu comprendre et accompagner, s'il avait voulu, s'il avait su davantage, si elle-même avait su moins.
Elle regardera ces couples mal assortis, impossibles, condamnés — comme le sien — et rêvera parfois de ce qui aurait pu être, dans un monde plus jeune.

Elle n'a pas le choix, et c'est sublime.

Elle s'éloignera de nous, et de tous, de plus en plus lentement, une silhouette diaphane que son fardeau ne courbe pas.
Et finira par se dissoudre, on entendra à peine un soupir,car elle est modeste et polie, elle ne sait pas qu'elle est la mélancolie même, que sa beauté nous serre le coeur, ni que cette beauté est celle de son âme.
Elle ne sait pas qu'elle est l'un des plus beaux personnages de femme jamais créés.
Elena Andreevna ne se prend pas au sérieux. Comme tous les enfants des mondes finissants, elle a l'élégance discrète de l'auto-dérision.
Elle sourit, hausse les épaules.
Elle quitte la scène.
Et voilà que son fardeau pèse sur nos propres épaules.

Tcheckhov, L'Homme des Bois, Comédie de Genève

dimanche 1 juin 2008

BEYOND THE DEBATABLE HILLS

Croyez-vous aux Fées? En la réincarnation? Croyez-vous au génie? Croyez-vous aux êtres bénis, aux êtres maudits? Croyez-vous aux autres mondes? Aux absolus dont on ne revient pas, comme dans les contes? Croyez-vous aux contes?
Si vous croyez en quelque chose, vous croierez en elle, n'en doutez pas.
Vous l'aimerez.

Elle était parée de tous les dons, comme la jeune princesse de la Belle au Bois Dormant. De bien des façons elle deviendra l'héroïne du conte.
Elle avait la beauté, et aussi le charme qui peut-être importe davantage. Les yeux les plus bleus du monde — ou les plus gris? ou les plus verts? — les yeux les plus clairs et changeants et fascinants du monde, céruléens, des yeux portes vers un ciel différent. La voix la plus captivante, la plus mélodieuse. Aucun de ceux qui l'ont entendue ne l'a oubliée.
Elle savait que l'élégance des parures n'est pas une simple affeterie mondaine, que ce n'est pas un hasard si les princesses, les fées, les dames élues des chevaliers, ne sont pas seulement belles mais aussi bien vêtues. Elle avait cet art-là, le choix des coupes, l'harmonie des couleurs.
Elle portait l'un des prénoms les plus magiques au monde, l'un de ceux qui font sens, qui sont immenses, un nom de pouvoir capable de réduire un démon au silence.
Elle avait la richesse, et l'éducation, et l'intelligence, et le talent.
Elle avait des amis, et ceux-là étaient les esprits les plus riches, les plus subtils, les plus brillants, de son temps. Elle était membre d'un de ces cercles dont nous rêvons à présent, que nous contemplons avec une envie incrédule. Comment se peut-il qu'en un certain lieu, à un certain moment, se rassemblent de tels êtres? Cela se peut. C'est dans la nature du cercle, la nature de tous les cercles, avant même la Table Ronde.
Elle avait la chance. Ne méprisez pas ce don-là. De tous il est celui qui marque le mieux l'élection.

Elle écrivait. Elle parlait. Cinq langues, de l'anglais au zoulou. Elle savait que les langues recèlent l'une des plus anciennes et des plus pérennes magies de notre Terre.
Elle aimait. Elle jouait. Elle était assez secrète pour interdire au monde de voir la différence.

Elle savait où se trouvent les frontières : dans nos esprits. Elle savait, elle n'a pas cessé de le répéter, dans ses actes et dans ses livres. Nous sommes Grecs, Anglais, Zoulous, tout cela ensemble. L'amour aussi est tout cela ensemble, pour un homme ou une femme, pour une amante, une mère, une amie, quelle différence? Puisque le sang des Fées coule aussi dans les veines du marchand le plus terre à terre.

Elle savait où se trouve la plus importante des frontières, celle qui nous sépare du Peuple Silencieux des Morts. Cette frontière-là se passe à jamais.
Quand la Mort passe, et emporte votre Aimé, votre Aimée, le monde est changé à jamais.
Comme la Belle du conte, vous dormez, loin des hommes, séparée d'eux par les ronces épaisses du secret. Plus jamais vous ne serez des leurs, plus jamais vous ne marcherez parmi eux, ne parlerez leur langue.
Il y a bien des collines dont nous ne savons plus le nom ni la place, des collines qui peut-être n'existent pas en ce monde, mais que trouvent nos pas quand il le faut vraiment.

Et lorsque près de cent ans seront écoulés, elle laissera enfin son âme échapper, son corps se faner et s'éteindre.

Car sans doute était-elle bien une Fée, en fin de compte. C'est la seule explication possible. Ou la plus simple, de beaucoup. N'a-t-elle pas sans cesse répété cela? Que le sang des Fées coulait aussi dans les veines du marchand le plus terre à terre. Ses aïeux étaient des marchands.

Elle s'appelait Hope Mirrlees.
Et un jour, par jeu, avec un absolu sérieux, elle a publié Lud-in-the-Mist.

The Lady Who Wrote Lud-in-the-Mist
Hope Mirrlees sur Wikipedia
Lud-in-the-Mist sur Amazon

mercredi 20 février 2008

DISSERTATION (3 ET FIN)

Cependant les membres de cette Maison ne se bornent pas à un rôle de préservation et de transmission, si important soit-il. Les Serpentards ne sont pas tout entiers tournés vers le passé. Il nous faut à présent aborder l’ultime facette de cette Maison, sans doute la plus difficile à cerner et la plus précieuse.
Le Choixpeau magique la rappelle pourtant chaque année aux élèves de Poudlard : contrairement à l’opinion communément admise, le trait de caractère qui place les élèves dans cette maison n’est pas l’orgueil, mais la ruse. «Vous finirez à Serpentard / Si vous êtes plutôt malin / Car ceux-là sont de vrais roublards / Qui parviennent toujours à leurs fins.»(1) On peut même se demander s’il n’y a pas eu là une forme d’amalgame historique, de malentendu dans la transmission, tant les deux qualités exigées par Serpentard alternent : « Ainsi Serpentard voulait un sang pur / Chez les sorciers de son académie / Et qu'ils aient comme lui ruse et rouerie.» Laquelle de ces deux caractéristiques domine l’autre? En quoi peuvent-elles être liées? On regrette l’absence d’une autre statistique, jamais mesurée par le Ministère : le nombre d’élèves de Serpentard qui n’étaient pas issus de familles au «sang pur». Ceux-là auront bien été choisis pour cette autre qualité, la ruse, que le Choixpeau (encore de parti pris?) rebaptise parfois du terme péjoratif de rouerie, mais qui consiste, explique-t-il, à parvenir à ses fins.
La Maison Serpentard a-t-elle donc, depuis ses origines, un double visage ? Ou n’est-ce pas plutôt le regard que nous portons sur elle qui est double, comme en témoigne à nouveau le Choixpeau dans cette autre description : «Serpentard, assoiffé de pouvoir et d'action, / Recherchait en chacun le feu de l'ambition.» Le qualificatif assoiffé de pouvoir est non seulement peu flatteur mais aussi dangereux, évoquant la plus célèbre des tentations de la magie noire. Mais le feu de l’ambition n’est-il pas une noble passion, une de celles qui permettent au monde et aux êtres de progresser? N’est-ce pas la part essentielle que les Serpentard sont chargés d’apporter au monde des sorciers?
Ces caractéristiques ont fait des élèves de Serpentard, génération après génération, les meilleurs diplomates, les plus retors des négociateurs, doués de la plus charmeuse des langues, des diplomates capables de faire signer la paix à des Géants, de contraindre les Anciens Dragons par des pactes enchantés, de mettre au point patiemment les chartes de la Confédération Internationale des Mages et Sorciers malgré les susceptibilités et intérêts contradictoires de chaque Etat.(2)
On parle souvent du mage noir Clivedden et de son cercle, des Serpentards anglais qui se sont ralliés à Gellert Grindelwald. Mais on oublie que le groupe secret des Défenseurs de la Terre, qui ont lancé et maintenu pendant de longs mois le sortilège d’ancienne magie empêchant l’invasion de la Grande-Bretagne, était composé pour moitié d’anciens élèves de Serpentard. On parle des héroïques Brigades à Balais et de leurs capitaines, presque tous Gryffondors ; on parle d’Alan Rungit, le brillant sorcier de Serdaigle qui a mis au point le sortilège de Décryptage pour intercepter les messages ennemis ; on ne dit pas assez que le Ministre de la Magie de l’époque était un Serpentard, et que seul un Serpentard, sans doute, était à même d’accomplir ce qu’il a accompli. Il ne s’agit plus ici de rouerie ni d’ambition, mais bien d’être capable de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour atteindre une fin, même quand ces moyens sont durs, et sombres. Il s’agit d’être capable de sacrifier un village et ses douze familles de sorciers quand le sort de la guerre est en jeu. Ce n’est pas une décision facile à prendre. Ce n’est pas beau, ni noble. Ce n’est pas quelque chose qui attirera remerciements ni médailles, ni notre amour. Mais c’est nécessaire, quelquefois. Et seuls les Serpentards sont capables de répondre à cette nécessité.
Ils en payent le prix : l’opinion les regarde avec horreur, et sans doute en sera-t-il toujours ainsi. Mais ils atteignent le but, et c’est ce qu’il fallait.

Souvent ils errent. Parfois ils cèdent à la tentation. Ils ne cherchent pas à être sympathiques. Parfois ils rêvent de vengeance, parfois ils s’agrippent désespérément au passé et nous tirent en arrière. La méfiance qu’ils inspirent est ancienne, comme est ancienne la division qu’ils incarnent dans le monde des sorciers.
Pourtant le Choixpeau de Poudlard sait lui aussi qu’en temps de guerre, quand tout nous pousse à la discorde, l’union est plus importante que jamais. Il n’a jamais manqué de le rappeler aux élèves, à chaque conflit : «Et depuis que les quatre fondateurs / Furent réduits à trois pour leur malheur / Jamais plus les maisons ne fur'nt unies / Commes elle's l'étaient au début de leur vie.»(1) Leur malheur, dit-il : notre malheur à tous, pour le passé, le présent et l’avenir. Ces dernières années, nous avons souffert plus que jamais peut-être, nos familles et nos vies ont été déchirées, et à présent tous cherchent des explications, des coupables, la justice ou la vengeance. Mais n’allons pas trop vite en besogne, n’abusons pas des simplifications. N’oublions pas le double rôle de la Maison Serpentard : elle veille sur notre passé, elle entretient la flamme de l’ambition future. Ne soyons pas trop prompts à proclamer que seuls les Serpentards et les faibles succombent à l’attrait des Arts Obscurs, car le prix à payer serait terrible. N’oublions pas que nous sommes tous responsables, et que pour la plupart, nous devons surtout bénir la chance qui nous a épargné la tentation.


A la surprise générale, lors du DésanonyMage des copies, ce devoir se révéla être écrit par une élève de Gryffondor…

1 : Histoire de Poudlard, Annexe II, Compendium des chansons de rentrée du Choixpeau Magique, op. cit.
2 : Histoire de la Magie Moderne et Les Grands Evénements de la Magie au XXe siècle


J'ai tellement aimé rédiger cette dissertation que je suis volontaire pour en composer d'autres. A vous donc de me proposer des sujets dans l'univers de Harry Potter, je choisirai celui qui m'inspire le plus.

mardi 19 février 2008

DISSERTATION (2)

L’association entre la Maison Serpentard et les Pratiques Obscures serait-elle entachée des mêmes préjugés ?
Force est de constater que le Choixpeau n’en fait jamais état dans ses descriptions des quatre Maisons, mais cela n’est pas probant : le Choixpeau est le garant des traditions de Poudlard et de sa ligne directrice, qui a toujours exclu l’enseignement de la magie noire à ses élèves. L’analyse des statistiques du Ministère de la Magie est à nouveau éclairante : sur les deux derniers siècles, 70 % des artefacts de magie noire ont été saisis chez des familles liées à la Maison Serpentard, mais seulement 37 % des condamnations pour pratiques de sortilèges de magie noire concernent ces familles. Cette disparité est aisée à expliquer : les artefacts en question sont pour la plupart très anciens, transmis de génération en génération, et se trouvent donc majoritairement en possession des vieilles lignées de sorciers.
Le même argument peut être appliqué, sous une forme atténuée, à la pratique des Maléfices. D’après les Sorts & enchantements anciens et oubliés (Olde & Forgotten Bewitchments & Charmes), nombre de ces sortilèges « oubliés » l’ont été par la volonté des sorciers ou de leurs autorités, parce qu’ils témoignaient d’une « vision obsolète du monde ». C’est à ces sources et à cette vision que s’abreuve la magie noire : un temps où les valeurs étaient différentes et où la voie des ténèbres était souvent considérée comme une réponse acceptable aux ténèbres du monde.(1) Les sorciers des anciennes familles ont plus facilement accès à ce savoir, soigneusement exclu des bibliothèques officielles ou protégé par de puissants enchantements restrictifs. Il ne faut pas sous-estimer le rôle de cette facilité. La pratique de la magie noire repose sur une forme de tentation, comme le souligne l’excellent Affronter l'ennemi sans visage (Confronting the Faceless): «Certains, très rares, ont la force de volonté nécessaire pour résister à cette tentation. Mais heureusement pour notre monde, d’autres, beaucoup plus nombreux, n’y sont simplement jamais confrontés.» Ne s’agit-il pas là de la plus lucide analyse de l’affinité des Serpentards avec la magie noire? Ils ne sont ni plus faibles ni plus vicieux que les élèves des autres Maisons, ils sont seulement plus souvent confrontés à cette tentation.
Et la plus grande des tentations fut celle initiée par les deux grands mages noirs de notre siècle. On l’a dit, tous deux ont choisi de défendre une vision traditionaliste de la société et d’encourager les familles de «sang pur» à lutter contre l’influence croissante des Moldus. Sans doute faudra-t-il de longues années avant que quelqu’un ait le recul et la sérénité nécessaire pour écrire une histoire critique de ces périodes sombres, mais on peut déjà se demander si cette décision de Grindelwald et de Volde Vous-Savez-Qui n’a pas été motivée par l’intérêt autant que par l’idéologie. Il s’agissait d’un moyen sûr de recruter des partisans, parmi les plus riches en savoir, en terres et en or du monde sorcier, d’exploiter leur amertume nourrie par les événements des trois siècles précédents et d’utiliser leur désir de revanche. Parmi tous les suivants de Grindelwald, rares furent ceux qui ont pris son parti par affinité avec les pratiques obscures, bien plus nombreux ceux qui l’ont fait par conviction politique, par incompréhension face à l’évolution rapide du monde et à la place croissante prise par les Moldus, par peur d’un avenir inconnu.

Et s’il est une valeur qui peut-être réellement associée à la Maison Serpentard, c’est bien le traditionalisme. Au XIXe siècle, alors que l’agitation sociale commençait à se calmer, Victor Caspar Bulstrode fut le plus traditionaliste des Ministres de la Magie, Phinéas Nigellus le plus traditionaliste des directeurs de Poudlard(2). Tous deux avaient fait leurs études au sein de la Maison Serpentard. Ce traditionalisme n’est-il qu’une régression, un frein pour l’avancée de la société des sorciers? Ou peut-il lui apporter des forces positives?
Les Serpentards et leurs sympathisants sont aussi par essence des gardiens de la tradition, permettant la préservation du savoir et la transmission de la mémoire du monde sorcier. Ce sont là de nobles missions qui ne doivent pas être sous-estimées.
Ce rôle a pris de nombreuses formes au fil des siècles, la plus évidente étant celle de la conservation et de la garde d’artefacts magiques qui auraient certainement été perdus sans leurs soins. Certes il y avait parmi ces artefacts des objets liés aux Arts Sombres, mais aussi des trésors, tels que les Cœurlumières, rares et précieux objets de Défense contre les Forces du Mal(3). La famille McLaggen est célèbre pour le Cœurlumière qu’elle détient depuis quatre siècles et qui veille sur ses héritiers à chaque génération : si ce n’est plus le cas de son chef de clan actuel, elle a été longtemps affiliée à la Maison du Serpent. Le plus grand et le plus puissant des Cœurlumières a longtemps reposé au sommet d’un phare en Ecosse, sous la garde de la famille Stevenson, assurant la sauvegarde non seulement des sorciers des environs mais aussi des marins Moldus. Il est utile de rappeler que Septimus Stevenson, le dernier représentant de cette famille et lui-même ancien élève de Serpentard, est mort en essayant de défendre le phare contre les partisans de Grindelwald en 1943.
Les Serpentards ont aussi préservé de nombreux manuscrits et grimoires de magie et d’histoire. Nombreux furent ceux qui risquèrent leur vie pour soustraire de tels livres à l’Inquisition, tels que Bence Malefoy, décoré de l’Ordre de Merlin, première classe, pour s’être introduit au début du XIVe siècle dans une place-forte de l’Inquisition en Italie du Nord et y avoir soustrait cent six grimoires de sorcellerie, pour la plupart exemplaires uniques ou originaux de grand prix. Le sortilège de Gèle-Flamme, célèbre pour avoir trompé maints Inquisiteurs sur des bûchers de sorcières, a été conçu au départ pour sauver des bibliothèques par Isabella D’Arcy, une élève de Salazar Serpentard lui-même(4). Parmi les sorciers antiques honorés dans la Maison Serpentard, et dont le portrait figure dans leur Salle Commune, se trouvent Hipatia et Eratosthène, les mythiques sorciers qui ont transplané à soixante-sept reprises dans la bibliothèque d’Alexandrie en flammes pour en sortir des manuscrits, et n’ont pas survécu à la soixante-huitième…(5)
C’est encore à des Serpentards que l’on doit la conservation de sorts tels que Priori Incantatem ou le sortilège de Réclusion, tous deux «perdus» pendant les grandes guerres contre les Géants, et réintroduits en Angleterre par la famille Strange qui les a mis au service des enquêteurs (pour le premier) et des chambres-fortes (pour le second) du Ministère, à une époque où les soulèvements gobelins avaient conduit la plupart des sorciers à retirer leurs biens de Gringotts et à chercher d’autres protections.
Cette position de gardien des traditions et de garant de la mémoire a conduit les Serpentards à être souvent nommés à des postes clefs tels que Directeur des Archives du Ministère, chef du Département des Mystères, ou, dans des temps plus anciens, Sénéchal d’Angleterre(6).

Cependant les membres de cette Maison ne se bornent pas à un rôle de préservation et de transmission, si important soit-il. Les Serpentards ne sont pas tout entiers tournés vers le passé. Il nous faut à présent aborder l’ultime facette de cette Maison, sans doute la plus difficile à cerner et la plus précieuse... À SUIVRE



1 : Grandes Noirceurs de la magie (Magick Most Evile)
2 : Histoire de Poudlard, chapitre XXXII, «Le retour à l’austérité : Poudlard à l’ère victorienne»
3 : Les Forces du Mal surpassées (The Dark Arts Outsmarted), chapitre IV, « Artefacts et sortilèges de la Lumière »
4 : Guide de la Sorcellerie Médiévale, « Le temps de l’Inquisition »
5 : Les sites historiques de la sorcellerie, « L’Empire romain »
6 : Archives officielles du Ministère de la Magie, Postes officiels

lundi 18 février 2008

DISSERTATION À SUJET IMPOSÉ (1)

Pour ceux qui ne le savent pas, nous nous préparons à un jeu de rôles grandeur-nature des plus prometteurs, se déroulant dans le monde de Harry Potter en 1982, donc à la fin de la première guerre contre Voldemort.
Une autre joueuse ayant proposé un concours exigeant de chanter les louanges de la mal-aimée Maison Serpentard, j'ai trouvé amusant de présenter ma contribution sous la forme d'une copie d'élève...

Que ceux qui n'ont pas fini le tome 7 ne s'inquiètent pas, cette dissertation étant censée dater de 1982, elle ne contient aucun spoiler!



À l’heure où les horreurs de la guerre laissent place aux purges, aux tribunaux et aux règlements de compte, nombreux sont ceux qui remettent en cause les valeurs de la Maison fondée par Salazar Serpentard, dénoncent son implication aux côtés de Celui Dont Il Ne Faut Pas Prononcer le Nom, et vont jusqu’à réclamer son éradication.
Cependant le Choixpeau Magique et les traditions de Poudlard nous rappellent que l’Ecole n’est entière que si elle conserve ses quatre Maisons. Il semble donc nécessaire de nous interroger sur les valeurs réelles de la Maison Serpentard : est-elle historiquement et intrinsèquement liée à la magie noire et à l’obsession du sang pur? N’apporte-t-elle pas à la société des sorciers des éléments essentiels à sa survie?

Deux accusations reviennent dans les critiques formulées contre la Maison du Serpent : elle nourrirait de violents préjugés envers les Moldus et les sorciers d’ascendance moldue, et elle s’attacherait à des pratiques de magie noire condamnées par le Ministère de la Magie et le Code International.
De fait, il est impossible de nier que d’anciens élèves de la Maison Serpentard se rendent régulièrement coupables d’agressions contre les Moldus. Selon les dernières statistiques publiées par le Ministère, 56 % de ces agressions ont été commises par des ressortissants de Serpentard, et le pourcentage s’élève à 62 % si l’on prend en compte uniquement les agressions avec violence aboutissant à la mort ou un handicap permanent. Ce phénomène n’a rien de récent (ainsi le groupe de marins sorciers qui a créé en 1801 un nouveau poisson magique, le Sharak, entièrement couvert d'épines, destinées à déchirer les filets des Moldus, était déjà d’obédience Serpentard (1)), mais il s’est amplifié au cours du XXe siècle. Cette rancœur envers les Moldus est l’une des causes principales de l’adhésion des Serpentards aux thèses de certains mages noirs, au premier rang desquels Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-le-Nom et Gellert Grindelwald, qui ont tous deux développé des thèses prônant l’asservissement des Moldus ou l’interdiction d’enseigner la magie aux sorciers d’ascendance moldue.
Cette idéologie est-elle intrinsèque à la Maison ? On peut le penser, car de telles idées sont prêtées au Fondateur de la Maison lui-même: « Serpentard disait : Il faut enseigner / Aux descendants des plus nobles lignées », nous rappelle le Choixpeau. Cette conviction est même présentée comme la cause du départ de Serpentard, et donc de la rupture de l’harmonie entre les quatre Fondateurs de Poudlard, ce qui fournit un nouvel argument aux détracteurs de Salazar Serpentard.
Malgré tout, une étude objective prenant en compte la dimension historique permet de relativiser cette accusation. Il convient avant tout de rappeler que la Fondation de Poudlard date du Haut Moyen-Age, période à laquelle l’idée d’une noblesse de sang était considérée comme naturelle tant chez les Moldus que chez les sorciers. L’ensemble de la société était persuadée de l’existence d’une telle division, et Serpentard n’était en rien une exception, il représentait même le courant de pensée majoritaire à son époque : « Point ne devons mêler, écrit le chroniqueur des Annales Britanniae, le noble et le vilain, comme dans nos potions nous savons séparer ces substances, de même nous devons le faire dans le monde. » Randolphus Pittiman, l’auteur de la biographie d’Uric le Follingue, rappelle qu’à l’époque, on considérait même que la magie pratiquée par les sorciers de sang pur (appelée Sorcellerie) était intrinsèquement différente de la «magie vulgaire» qui se révélait chez certains Moldus et passait pour une forme de prestidigitation. A cette époque, plusieurs sorciers et sorcières ont été condamnés au bannissement par des cours de justice officielle pour le crime de mésalliance.
D’autre part, on oublie trop souvent que les anciennes familles de sorciers, dont sont majoritairement issus les Serpentards, ont elles-mêmes été la cible de nombreuses violences au cours des siècles. Si l’Inquisition de l’Eglise Moldue est souvent tournée en dérision par les ouvrages d’Histoire de la Magie, et si effectivement la plupart des véritables sorciers et sorcières arrêtés ont pu se soustraire à la mort, il n’en a pas été de même de leurs biens matériels. Maintes demeures ancestrales ont été brûlées, maintes fortunes dispersées : la famille Goyle, qui possédait la moitié du Northumberland, a été réduite à la misère et contrainte à demander l’asile à d’autres sorciers, refusant par fierté d’envoyer ses enfants à Poudlard pour dissimuler sa pauvreté. Jusqu’alors, les sympathisants de Serpentard tournaient plutôt leurs foudres contre les sorciers d’origine «impure», mais à cette époque, ils ont commencé à considérer les Moldus eux-mêmes comme une menace, et à chercher des moyens de les combattre ou de les contrôler. Plus tard, dans les années de désordre et de terreur qui ont accompagné les révoltes gobelines et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les mêmes familles ont été la cible de violentes campagnes de propagande de la part des autres sorciers. Pendant cette période, de nouveaux biens ont été confisqués au nom de prétextes plus ou moins convaincants, des titres de noblesses ont été abandonnés sous la pression générale (Ambrosius de Logres qui affirmait descendre d’Arthur et de Morgane a dû renoncer à ses prétentions et changer son nom en «Sorgel»), et certains sorciers ont même été bannis ou exécutés. Ces pages de l’histoire des sorciers d’Angleterre sont tellement sujettes à polémique qu’elles ont été édulcorées dans les récits officiels (notamment dans le manuel d’Histoire de la magie en usage à Poudlard), et seuls les sorciers des familles concernées continuent à les transmettre de bouche à oreille à leurs héritiers, entretenant ainsi un sentiment d’injustice et un désir de vengeance certes regrettable mais aussi compréhensible, compte tenu de la position «amnésique» adoptée par le Ministère.
Il semble que ce soit cette même rancœur latente vis à vis des Serpentard qui resurgit à présent, réveillée par l’horreur de la guerre et les tragédies hélas bien réelles auxquelles de nombreuses familles viennent d’être confrontées. On pointe du doigt la discrimination réclamée par Salazar Serpentard, en oubliant que deux autres Maisons pratiquaient aussi des formes de discrimination (Rowena Serdaigle par l’intelligence, Godric Gryffondor par le courage) et que seule Helga Poufsouffle prônait l’égalité entre les élèves. On cite les propos du Choixpeau magique, en oubliant qu’il coiffait jadis la tête de Gryffondor, et que malgré sa sagesse et son expérience, il est nécessairement prisonnier du point de vue de son ancien possesseur. Ne cite-t-il pas neuf fois sur dix la Maison Gryffondor comme premier choix? (2)

L’association entre la Maison Serpentard et les Pratiques Obscures serait-elle entachée des mêmes préjugés ? ... Vous le saurez en lisant demain la suite de cette dissertation.


1 : Et sans doute est-il bon de préciser, sans les excuser, que les sorciers en question ont agi en réponse à des insultes répétées de pêcheurs Moldus. Comme on le verra plus tard, cette précision n’est pas indifférente pour comprendre les fondements du comportement Serpentard envers les Moldus.
2 : Comme le confirme l’Histoire de Poudlard, Annexe II, Compendium des chansons de rentrée du Choixpeau Magique

vendredi 15 février 2008

READLIST

Il y a des gens bizarres dans le pâté de maisons voisins. On ne sait pas trop de quoi ils vivent. Parfois, quand on les regarde avec beaucoup d'attention, on s'aperçoit que leur aspect et leur comportement aussi sont bizarres: celui-ci gobe des mouches avec sa langue, comme une grenouille — cet autre a quelque chose d'un loup, dans sa démarche, dans le regard qu'il pose sur vous derrière la fumée de ses cigarettes — celui-là est un enfant qui ne semble jamais grandir... Alors vous faites des recherches: ces bâtiments ont les mêmes mystérieux propriétaires depuis des années, depuis des siècles, depuis la fondation de la ville en fait. Vous retrouvez de vieilles photographies, et vous reconnaissez, sur ce cliché de 1890, la même jeune femme à la peau blanche comme la neige, à la chevelure noire comme la nuit, que vous avez croisée hier soir dans la rue — sur cet instantané de 1935, le même adolescent vêtu de bleu qui joue de la trompette le samedi soir sur une petite scène de blues...
Bien sûr vous connaissez la chanson, on ne vous la fait plus, vous avez lu Anne Rice, vous savez bien ce que sont ces gens-là: des Vampires, tissant leurs toiles millénaires et manipulant les pauvres humains !
...
Ou bien pas.
Ou bien, peut-être, sont-ils un tout autre peuple, avec de tout autres fins.
Rencontrez les dans les comics Fables, écrits par Bill Willingham, et publiés chez DC. En anglais.

Vous avez lu Frankenstein, celui de Mary Shelley. Vous faites partie de ceux qui se souviennent que ce nom est celui du savant, non de sa créature. Vous connaissez même son prénom: Victor Frankenstein, un jeune scientifique suisse qui voulait vaincre la mort elle-même par l'infini pouvoir qui avait été celui de Zeus et de sa foudre, l'Electricité. Pourtant l'oeuvre vous a laissé vaguement insatisfait, comme s'il manquait quelque chose, comme si on vous cachait quelque chose. Comment Victor Frankenstein a-t-il pu en arriver là? D'où lui venaient son savoir et sa sapience? quel rapport entre cette histoire et le cauchemar de Mary Shelley, où se cache donc l'enfant mort-né qui a engendré ce roman? Qui était vraiment Elisabeth Lavenza, l'enfant trouvée, la soeur adoptive puis la fiancée de Victor? N'existe-t-elle que pour trouver la mort des mains de la Créature?
Vous avez raison. On ne vous avait pas tout dit. Vous pouvez lire à présent les Mémoires d'Elizabeth Frankenstein rassemblées par Theodore Roszak, et traduites au Cherche-Midi.

Vous vous êtes peut-être lamentés, comme moi, sur la baisse du nombre de lecteurs, sur ces générations qui petit à petit se détournent des livres et passent de longues heures devant un jeu vidéo, ou, pire, un inepte reality-show. Vous avez secoué la tête d'un air résigné et admis le constat. Les gens veulent des satisfactions plus immédiates que celles qu'offrent les livres. La pensée à long ou moyen terme se dissout, et avec elle la capacité de concentration. Si vous êtes pessimiste, vous avez même dénombré les conséquences de ce phénomène, les manipulations auxquelles les gens devenaient vulnérables... Ou bien vous vous êtes dit que vous deveniez vieux, à idéaliser ainsi le Bon Vieux Temps...
Mais pas du tout ! Le phénomène existe. Il a même une cause. Et, peut-être, une solution.
Elles sont révélées dans First Among Sequels, le cinquième tome des inventives et délirantes aventures de Thursday Next, par Jasper Fforde. Les quatre premiers tomes, L'Affaire Jane Eyre, Délivrez-moi !, Le Puits des Histoires Perdues et Sauvez Hamlet !, sont traduits et publiés chez Fleuve Noir.

jeudi 14 février 2008

MILENA (EPISODE 6 AND LAST)

Milena Horakova moved her wand towards her head, her silvery hair suddenly lengthened in silvery mist, until they floated in the whole room and they were now sitting inside a giant Pensieve. Harry shivered, for Dumbledore was back again, younger and red-bearded.
He looked grave and concerned, but not about Harry, whom he ignored. Dumbledore was facing a handsome and golden-haired woman, the same woman Harry was sitting with in a cosy room. And he said to her, gently :
“What are you hoping for, Milena?”
“Does it sound silly if I say ‘redeem’?”
“Not to me. I believe it one of the most serious words in our world. But…”
Dumbledore paused, as if looking for words.
“You don’t think Gellert might regret, nor change?” she asked. Harry expected her to speak fiercely, with a kind of defiance, but she did not. She seemed just sad.
Dumbledore perceived this sadness, of course. He answered in a comforting but equally sad voice: “Don’t misunderstand me. I think he might. But even if… even if he does, he will never be allowed to be out of jail. No one would accept it. Even if you were right, if Gellert learns to feel remorse… he will never be free. He will endure his guilt in the darkest of jails. Lifelong. Are you aware of that? Are you… prepared to that?”
She threw her head back, and now she looked fierce, her deep blue eyes piercing Dumbledore’s.
“Do you really think that is the only important thing? Don’t you think that Gellert’s redemption does matter, even if he stays a prisoner? Don’t you think it could change things, in a way or another? Don’t you think it could change… not his own fate, but something of ours?”

And she was right, of course.
It had changed things, in a tiny but decisive way. Many years later, Grindelwald lied to Voldemort, laughed at him.
She had been right. And there was more in the stake than Gellert’s soul.
The mists were dissolving, as long as the younger Milena and Albus, and Harry was staring again to a very old woman.
“So he let you visit him…”
“He did. And I went, ans talked to him, week after week. Once per week, until the very end. Until he finally met his end.”
Proving her right in a way she couldn’t rejoice about, in the bitterest of ways.
Harry felt suddenly ashamed to have come and awaken such memories, memories that didn’t concern him in anything.
Something else was disturbing him, something about his own story, compared to this one, but he couldn’t find it.

The little girl entered the room in her dancing walk, picking a cake, looking curiously at Harry and smiling to the old witch, then walking away in the same fluent move. Had Milena walked like this, in her youth? Could it be… Harry thought at last, could she be Milena and Gellert’s grand-grand-daughter or something? He heard nothing about children. Or had she married after the war, with another wizard?
She was quite a mindreader after all, because she smiled and said: “I raised my sister’s children, and their children after them. I never had children of my own. I don’t know if that makes us better teachers.”

Then she stood up, came to him and took his hand.
“You shall not regret, Harry Potter. You shall not be too prompt to compare Tom Riddle and Gellert.”
And so he found it, the worm in his mind, the anguish he was going around for years. Dumbledore defeated Grindelwald without killing him. Had he the right to kill Voldemort, was he right to do it? Was it the only choice?
“I am sure Albus told you, Milena went on. Tom Riddle renounced his own soul while parting it into so many Horcruxes. He was far beyond redemption.”
“But where is the difference? Harry wondered aloud. I mean: what is it that made Grindelwald able to redeem, whil Voldemort wasn’t? What is it that mark the border beyond which there is no return?”
“I am not sure about that. I know little about Tom Riddle. However, Albus told me about his pasr, about his childhood, and I suppose one might find the difference there. Many darkness have their roots in childhood.”

And he wouldn’t have got a better answer, but that one felt really unsatisfactory. After all, Harry himself had a terrible childhood.
What was it that made him different, that made him change, and turn towards a way rather than another?
Then he saw again Milena and Dumbledore, how they both were, fierce and brilliant and sad.
And it was like a serene light illuminating him.
“It was you, he said quietly. It was because of you, and Dumbledore. He had met you. He had been… loved by you. Both of you. That’s a difference, a huge one. Haven’t you said that yourself? Encounters bind the course of your life forever. Well, Gellert Grindelwald encountered Albus Dumbledore and you, as a teenager.”

And I had my own encounters, he thought.
Not Voldemort, after all. But Ron, Hermione, Sirius — Ginny.
And he turned back to them. Every quests are about returns.

mardi 12 février 2008

MILENA (EPISODE 5)

There were so many secrets about Dumbledore. So many hidden truths waiting for his death to reappear. So many sides he hadn’t expected. Had he heard about that one a few years earlier, Harry would probably have been horrified. Now he was able to welcome it with no more than mild surprise. So Dumbledore used to be in love with a man, and this man was the dark wizard Grindelwald : Harry found he could deal with it. And he went on listening the old witch’s melodic voice, without even a start.
“We shared many things indeed, Albus and I. But three of these things left the deepest print upon us, us both. To love Gellert, to have to fight him… and to lose a sister to him. Perhaps you don’t know about Ariana Dumbledore…”
“I do” Harry answered, and he couldn’t resist to ask : “Was it really him? Was it Grindelwald who killed her?”
“I never knew. Neither did he. I met Gellert a year after Ariana’s death, and she was only like an uneasy memory for him. He felt responsible in a way, as Albus did, and he was trying to forget this feeling. We spoke about her… later.”
Darkness and grief were haunting the room again. Harry almost felt the coldness he would always associate with Dementors. You don’t need a Dementor to feel the touch of despair. How do Muggles manage? he wondered briefly. How can they fight it without a Patronus? Then music sounded high and clear, darkness drew back, and that was part of the answer.
“He certainly killed my own sisters. We were all grown-ups at this time, and I carry this responsibility as well as Albus does for Ariana. You see… we were quite close, my sister and I. She was only a year older and she was a fierce and brave person. The war was perhaps at its worst, and our people were running desperate. Many times she tried to convince me to confront Gellert. She thought the same as you: that I would have been able to… Each time I refused. I fought my part, defeated many of his fellow wizards and thwarted a few of his plots but I was avoiding him. Or I should say we were avoiding each other, for he acted the same way. I wasn’t brave enough, as I said. But my sister was. A night came when she got information about Gellert’s actions, and she went to intercept him. Alone. She wasn’t really trying to kill him. She had never been somewhat of a duellist. She was trying to force me to come and do… my duty.”
Harry remembered his own decision, his own departure to duty and death. He wondered, as he often had, what it was to have a sister, or a brother, what sort of bond it could be. He promised to himself he would have at least two children. Then he thought about Fred and George, about Fred’s death and George’s pain, and the music was now echoing his own grief.
“I got her note, of course, Milena continued. But I wasn’t alone then, and my friends stopped me before I managed to Disapparate. They were trying to protect me, I suppose. Or they didn’t want to lose both my sister and me. I almost killed them for that. And when I finally escaped and went to my sister, it was too late. She was dead, Gellert was away, and I had to live with it.”
And she still has to, Harry realised. She still pays back. He awkwardly tried to distract her: “But Dumbledore said…”
“… I was right, yes, and you probably wonder when I managed to be right after so many errands.”
He blushed. She was the kind of women to make you blush with the utmost ease.
“It was later. After the end of the war. After Albus defeated Gellert and my conflict was over. I don’t believe I could have been right in anything during the war. I couldn’t even put things right inside my head. Then it has to be later. Gellert was in life custody, and we were trying to rebuild something, and rebuild ourselves. A few months passed, before I knew what I had to do. Or before I was actually ready to do it. That usually is the same moment. I went to the prison, and asked to talk to Gellert.”
Harry held on his breath. What could it be she wanted to say him, after they loved each other and fight each other, after he killed her own sister, after he lost the war? He could hardly imagine such feelings. He felt very young, for the first time since Voldemort’s fall.
“They refused, of course. Then I called to Dumbledore, knowing that he was the only one they would listen to. I remember this conversation very well, and I now know he did too. For what I told him happened to be right, after all.”

jeudi 24 janvier 2008

MILENA (EPISODE 4)

There he stood, alone in a foreign country, with an old and powerful witch who used to be Grindelwald’s consort, and he had just told her about the Deathly Hallows, about how he united the three of them. Perhaps Dumbledore had said she was right, but never that she was righteous. There he stood, a trustful and childish fool, after so many traps. He grasped his wand, nervously.
Milena’s eyes, acute and bright, followed his movement.
“That isn’t the Elder Wand” she said slowly.
“No, Harry muttered. It was just… I was just… only for a brief moment… they are away now. I don’t own them anymore.”
Except for the Cloak, he thought, but he had fortunately turned off the Translatongue, and she wasn’t able to read his mind… was she?
And in a second, in a few quiet music notes, everything was over. The room was warm again, with hot tea and sweet cakes. She was old again, frail again, smiling again. But her smile was a sad one, he was now able to tell. Was it really like that, a sudden wave of darkness, barely a few seconds of tentation, enough to throw someone on a dead end? Was it like that when Dumbledore had tried to use the Stone?
“Then it happened. I’m not sure if I shall be happy.”
“Only for the briefest moment” Harry repeated. He was almost breathless, as he had been after his greatest perils.
She nodded dreamily. “Perhaps that was the only way. For the briefest moment. Death wouldn’t allow more. But it was enough, wasn’t it? You survived, and defeated Voldemort. It was enough for the world, who has its own ways of… regulation. Yes, I suppose that was all we could expect.”
But she looked even sadder. She was no more frightening at all, and Harry felt the urge to comfort this very old woman.
“But you were right. I had to own the Cloak first. I had it with me, when I… used the Stone. Sort of. The third Hallow. I had the Cloak with me. You were right. ”
But she shaked her head. “No. I might have been right about that, but I don’t think that is the matter Albus had in mind. I think he meant… a much deeper question. Much more essential.”
Deeper than Death? More essential than the Quest of the Hallows for people into it since they were teenagers?
Milena probably saw doubt in Harry’s eyes.
“Yes, she smiled, there are deeper things, closer to our hearts, even for old obsessive wizards like us. I told you the story had little to do with you. That is an ancient one, one that took place at the end of our first war, when Albus finally defeated Grindelwald.”
“I was wondering…” But Harry blushed again, felt tactless again. He was nothing of a diplomat.
“Please go on. Every wonder is appreciable.”
“Well, I was wondering… why you needed Dumbledore. Sure he was powerful and everything, but your people certainly had its great witches and wizards, too, able to challenge Grindelwald… I mean, yourself…”
“I would have been able to beat him? Perhaps you are right. Many people believed it then. Including my own sister.” The music became dark, bringing bitter grief and bleeding remorse. “Perhaps they were right. I will never know. But there was a great difference between Albus Dumbledore and me. He was brave, while I am not.”
“You cannot say that ! Harry exclaimed. You had been in love with Grindelwald, of course you…”
“And so was Albus. Why do you think he waited for so long? Why do you think he was so reluctant to confront Gellert, even when his very country was threatened? But he did it. He managed to do it, at end, and I didn’t. That’s the sole difference between the brave one and the coward. Some are able to go through their fears and act. Some aren’t. I was not.”

lundi 21 janvier 2008

MILENA (EPISODE III)

(At end... Sorry for delay...)

“You are probably tired of teachers, but I always thought better to begin from the student’s knowledge. And I do not want to bore you with needless repetitions. What did you learn about my past ?”
“I know little about your country, but I read you were once a renowned journalist, and that you fought against Grindelwald during the forty’s. It was said you to be a very gifted witch, but you never accepted a ministerial appointment. You are told to be no friend with the late Professor Karkaroff, and to disagree with the uses of Durmstrang. You even offered private lessons to the families who shared your views and refused to send their children at Durmstrang. You are presented like… some subversive personality”, he ended quite shamefully. She looked so old and respectable, not even odd as Dumbledore had been. She really wasn’t the kind of person you would call “subversive”.
“I suppose that will stay more or less as my official biography. Have you ever noticed how biographies usually ignore the youth of people who live old? That won’t be the same for you, of course. Your child and youth’s accomplishments already make you famous.”
“Perhaps I won’t live old”, smiled Harry. Strange how he was able to smile about such things, now.
But she answered seriously : “I’m afraid you will.” And he felt uneasy again. Was she a prophetess of some kind? He had read nothing like that, but one might want to hide such a gift, that wasn’t especially comfortable. She didn’t look like a prophetess, but he had little experience, except for Professor Trelawney. She really hadn’t the slightest resemblance with Trelawney.
“However I was about your age when I did the most important encounter of my life. One of these encounters from which you will never recover. One that binds the course of your life forever.”
Harry wonders if he had met such an encounter. It would probably have been Voldemort. He found it quite depressive.
“It was a young and brilliant wizard, and we met in the way boys and girls usually do. We fell in love, and shared many things, not only a bed.”
He blushed, and felt stupid to do it. Of course old people had been young, and made love. Milena had been a beautiful woman. The man she used to love should have been a remarkable one indeed. Then he understood, and felt stupid again.
“Grindelwald, he said. You fell in love with Grindelwald.”
“Certainly. Many did. He had the most fascinating personality. But I was the one who shared his life, for years. Until the darkness falled.”
Was it really like that ? Love and youth and enthusiasm, then someday the darkness falling upon people like a storm?
“I shared his magic and his dreams, and even his quest for the Deathly Hallows. We were dreaming of a way to become both immortals, I suppose. That is very common to young lovers, wanting to be so for eternity. We spoke about them so many times, in so many long lovers’ nights, that I cannot recall these conversations otherwise than as a sole one, a very long and often interrupted one. For years, his… our ambitions took this only shape, this only path. You probably know this part of the story : the first Hallow we managed to trace was the Elder Wand. I remember we argued about the order. I was defiant towards the Wand, and quite certain the Tale of the Three Brothers was showing us the sole way to unite the three Hallows : we should possess the Cloak first. Gellert answered that was all fine, but we cannot afford the luxury to wait for the Cloak when the Wand was at hand. I still thought that was wrong, and the Cloak was the only way to protect us against the lethal powers of the two other Hallows. The Wand’s or Stone’s owner would die from them before he could find the other ones. That was probably our first major discordance.”
“And you were right !” Harry cried with no care of what he was revealing. “That was it ! You were right, but we only had the proof last year, when… when I…”
He stopped. There was a new light in Milena’s eyes, and she was now looking much younger, and much more powerful, as Dumbledore had been in his most threatening moments.