samedi 21 août 2010

UNE LEÇON DE DÉFENSE CONTRE LES FORCES DU MAL

Certains d'entre vous savent que c'est la matière que j'aurais vraiment voulu enseigner… A défaut, je me contente de la Littérature, qui a malgré tout quelques points communs avec la D.C.F.M.
Voici donc un de ces cours…

Nous abordons dans ce chapitre le cœur même de la Défense contre les Forces du Mal. Malheureusement, il s’agit aussi de la part la plus difficile à enseigner.
Au niveau le plus fondamental, la Défense puise dans vos ressources intérieures, dans votre cœur, votre courage, la confiance et la joie que vous abritez en vous. C’est ce qui explique que les réussites dans cette branche particulière de la magie ne reposent pas seulement sur les talents que vous utilisez par ailleurs. C’est ce qui explique que de brillants sorciers comme Bridget Wenlock(1) aient été si désemparés face aux forces des Ténèbres, et à l’inverse, que Bod Owens(2), toujours maladroit avec les Potions et incapable de maîtriser tout sortilège plus complexe qu’un maléfice d’Entrave ait pu sortir vivant et sain d’esprit de la Nécropole du Sleer et en rapporter les artefacts alors que maints sorciers et sorcières plus expérimentés avaient fui, péri ou sombré dans la folie.
Ces forces intérieures ne s’enseignent pas. Mais elles peuvent être identifiées, apprivoisées, renforcées, développées, et, en partie, expliquées.

(1) Bridget Wenlock (1202-1285) Célèbre Arithmancienne. Première à établir les propriétés magiques du chiffre 7.
(2) Dont l’écrivain Moldu (?) Neil Gaiman a relaté l’histoire de façon hautement fantaisiste dans The Graveyard Book (L’Etrange Histoire de Nobody Owens).


LEÇON 1 : RECONNAÎTRE LES TÉNÈBRES


À ce stade de votre apprentissage, vous devez déjà avoir compris combien il importe de connaître son ennemi, d’être capable de le reconnaître en toutes circonstances, d’identifier et d’exploiter ses faiblesses. Mais comment connaître les Ténèbres elles-mêmes ?
À quoi reconnaît-on leur empreinte ? Dans quelles situations leur est-on le plus vulnérable ? Quelles faiblesses peuvent-elles bien avoir ?
Certains parmi vous hochent la tête et murmurent : Elles n’en ont pas, c’est même exactement le contraire, elles exploitent les nôtres.
Ceux-là sont sages, mais pas assez. Si les Ténèbres exploitent nos faiblesses – et ce prémice est entièrement et profondément vrai – c’est qu’elles en ont besoin, qu’elles s’appuient sur nos failles pour exercer leur pouvoir. Qu’elles sont vulnérables à nos forces.

Exercice pratique

ATTENTION : EN AUCUN CAS CET EXERCICE NE DOIT ETRE PRATIQUÉ AVEC DES PERSONNES SOUFFRANT D’UNE FAIBLESSE CARDIAQUE OU AYANT RECEMMENT SUBI UN CHOC ÉMOTIONNEL. L’AUTEUR ET L’EDITEUR DÉCLINENT TOUTE RESPONSABILITÉ SI UN ACCIDENT SURVENAIT DANS CE CAS.

Si vous n’êtes pas en mesure de jeter les sortilèges indiqués en note et si personne dans votre entourage ne peut vous y aider, vous pouvez vous en remettre à des moyens non-magiques. Ignorez les notes, baissez les lumières, concentrez-vous, fermez les yeux s’il le faut et faites appel à votre imagination.

D’un coup, les lumières s’éteignent.(3) Sans grésiller, sans trembler ni fléchir : elles étaient, et elles ne sont plus, comme si le souffle d’un géant les avait anéanties.
Mais vous n’êtes pas seul dans la pièce. Vous entendez (NOM DU PROCHE) s’agiter près de vous, vous sentez sa chaleur, sa respiration qui s’accélère, il/elle semble encore plus terrifié que vous.(4)
Puis vous ne le sentez plus, ne l’entendez plus. Vous l’appelez, mais en vain. Il/elle n’a pas crié. A-t-il/elle été muselé sans bruit ? Est-il/elle tombé sans un cri, assommé ou…(5)
A présent, vous êtes seul. Vous faites quelques pas précipités vers l’arme la plus proche, votre baguette, le couteau avec lequel vous peliez les légumes, le lourd vase de Tante Harriet… Il n’est pas la. Vous butez contre un obstacle inattendu. Vos mains tâtonnent, affolées. Elles ne reconnaissent rien. Vous n’êtes plus chez vous, mais dans un lieu inconnu.(6) Voila pourquoi vous n’entendez plus (NOM DU PROCHE). Ce n’est pas lui/elle qui a disparu : c’est vous. C’est vous qui avez été arraché de son côté.
Vous laissez échapper un cri. Ou vos lèvres s’ouvrent, mais un souffle seul s’en échappe, inaudible. Aucun son ne retentit plus autour de vous.(7)
Vous avancez malgré tout dans votre prison de silence et de nuit, à tâtons frénétiques, et c’est alors que vous commencez à le sentir. Juste un frisson qui hérisse vos poils puis le froid monte et se répand, insidieux, dans vos membres, suintant de l’air, glaçant votre échine, et vous tremblez, sans savoir si c’est de froid ou de terreur.(8)
De la lumière, de la lumière, marmonnez-vous, criez-vous, incantez-vous sans bruit, et les Puissances doivent vous être favorables, car en effet les ténèbres semblent se dissiper un peu, et vous distinguez… vos propres mains blêmes, agitées de tremblements, trempées de sueur… des formes sombres et immobiles, un mince rai grisâtre, un interstice, une issue… et une silhouette(9) confusément s’y dessine et s’ébranle et glisse vers vous…(10)



Prenez quelques instants pour reprendre vos esprits. Respirez profondément. Regardez autour de vous : la lumière est revenue, vous êtes chez vous. Vous n’en avez jamais bougé.(11)


Maintenant, réfléchissez. Pourquoi avez-vous eu peur ?
Dix causes de peur sont survenues dans cette expérience. Efforcez-vous de toutes les identifier et notez-les ci-dessous.
Puis classez-les (en 1 celle qui vous a le plus effrayé).

Si vous en trouvez moins de six, vous vous êtes tant laissé déborder par vos émotions que vous n’arrivez pas à prendre de recul.
Cette capacité est importante pour la Défense contre les Forces du Mal. Malheureusement, il vous faut donc renouveler l’expérience jusqu'à ce que vous parveniez à identifier au moins six causes de peur.
Ce sera plus facile la deuxième fois. Il s’agit même d’une des raisons d’être de cet enseignement : on combat plus aisément les peurs déjà rencontrées.

Vous pouvez m'envoyer votre liste en commentaire ou par mail…

(3) Un sortilege de Nuit suffit. Vous pouvez y ajouter un effet sonore de Souffle.
(4) Soit une solution de Senteffroi à diffuser soit un sortilège d’illusion
(5) S’il y a réellement d’autres personnes (par exemple si vous entrainez plusieurs élèves en même temps), des Murs Sensoriels seront nécessaires à ce stade pour les séparer.
(6) Un sortilège de Confusion devrait suffire. Je déconseille de recourir aux grands moyens (Portoloin, Transplanage imposé). Au pire, des illusions tactiles peuvent renforcer la Confusion.
(7) Simple sortilège de Silence
(8) Simple sortilège de Caillegèle
(9) Encore un sortilège d’illusion – attention : il doit être suffisamment précis et bien ciblé pour passer outre à la Nuit magique. Si vous n’y parvenez pas, ou si vous entrainez plusieurs élèves simultanément, il faut lancer un sort de Voile d’Ombre puis lever le sortilège de Nuit avant de créer l’illusion de la silhouette. Il n’est pas recommandé, à ce stade, d’utiliser un Epouvantard. Ils feront l’objet d’un autre exercice pratique.
(10) Finite Incantatem.
(11) En cas d’élève particulièrement paniqué et ne parvenant pas à reprendre ses esprits, voir Remèdes d’urgence contre le Choc Emotionnel

CORRECTION ET SUITE DU COURS A VENIR

lundi 9 août 2010

BILAN DE GROSSESSE

Tous me le disent : l'accouchement est suivi d'une sorte d'amnésie surnaturelle, effaçant les quelques heures et les neuf mois qui l'ont précédé, leurs aléas, leurs découvertes, leurs plaisirs et leurs déplaisirs.
Alors je me décide à donner à ce blog, une fois n'est pas coutume, une fonction mémorielle, testimoniale, presque.
Qu'il enregistre, en ce neuvième mois, les Aspects de cette grossesse, les bons, les mauvais, les étranges.

Les mauvais sont connus, bien sûr. Je m'interroge avec une curiosité mêlée d'admiration sur la réalité de ce miracle physiologique qui contraindrait même les femmes affligées des pires grossesses à tout en oublier, à désirer recommencer. Et à vrai dire c'est à mes yeux un des côtés les plus dérangeants de la grossesse: cette découverte qu'en fin de compte le biologique prime tout, même pour des êtres éminemment portés à intellectualiser, comme moi, même pour des êtres éminemment volontaires — et fiers de l'être. Au temps pour notre orgueil. Le corps et ses chimies font de nous ce qu'ils veulent, nous font verser des larmes absurdes, dormir ou ne pas dormir, danser ou vaciller, nous transformer en guerrier viking émettant à tout propos des éructations incongrues. Pour le reste, les Aspects négatifs sont heureusement assez localisés au premier trimestre et aux dernières semaines, en tout cas pour moi, qui m'en estime heureuse. Nausées, fatigue, un mois de sommeil accablant à 12h par nuit (le deuxième ? déjà je peine à dater ce temps pourtant le plus chronométré de toute une vie), un mois de sommeil erratique aux limites de l'insomnie compensé par des siestes, moi qui n'en faisais jamais (le présent et dernier : cela au moins est facile), quelques semaines d'étonnante maladresse physique, le temps de s'adapter à un centre de gravité différent, quelques périodes d'hyperémotivité presque comique (j'ai marché sur la patte du chat : il va être estropié à viiiiiiie !) Et l'encombrement, la pesanteur de ces dernières semaines.

Les bons sont plus inattendus. Bien sûr il y a l'étonnante et inédite sensation des mouvements du bébé, dont j'ai déjà parlé ici. Du moins ceux du deuxième trimestre. au troisième, c'est toujours amusant, mon ventre s'agite de séismes des plus spectaculaires, mais moins confortable, quand il repousse les murs (les murs sont mes organes, en fait, Bébé.) Non, les bons aspects que je n'attendais pas sont d'ordre différent, à la fois les plus intimes et les plus extérieurs, les plus sociaux. Le regard des autres sur moi a changé. Certaines femmes détestent cela, ont l'impression de se trouver soudain réduites à leur ventre, ou sans cesse agressées dans leur intimité. Pas moi. Je m'amuse de voir les gens se retourner, de reconnaître leurs sourires, et même de répondre à leurs questions. C'est un lien nouveau avec le reste de l'humanité, une complicité, une expérience nouvelles.
C'est aussi une révolution esthétique, au moins en notre ère de culte de la minceur et d'éloge du ventre plat. Soudain, on est fière de cette rondeur ; loin de chercher à la dissimuler, on l'exhibe, on choisit des vêtements et des postures qui soulignent la rotondité du ventre. C'est radicalement nouveau.
Certes la grossesse est aussi une excuse à la paresse. Je ne l'entends pas seulement en termes égoïstes, même si ceux-là sont réels et doivent être admis. Mais pour celles qui comme moi cherchent à être toujours "efficaces", à agir, à employer au mieux leurs journées, c'est un étonnant soulagement d'accepter de ne rien faire et d'en être félicitée. Sans doute parce que même alors nous faisons quelque chose. Notre corps fait, le simple écoulement des heures et des jours, sans le secours de nos actes conscients — suffit à agir et à créer. Et quelle action ! Quelle création !
De là peut-être le plus remarquable pour moi de ces Aspects Positifs. J'ai toujours eu besoin, pour être bien, pour être pleine, entière, heureuse, d'avoir un projet en cours à penser. J'imagine que tous les créateurs sont ainsi, même si dans mon cas il peut s'agir d'autre chose que d'un projet créatif — un amour, un voyage… J'ai besoin d'y penser le soir en m'endormant, par exemple.
Et pendant ces neuf mois, bien sûr, cette nécessité a disparu. Oh, j'ai eu d'autres projets, et l'ai apprécié, et je suis toujours heureuse de me lancer dans quelque création ou organisation nouvelle, mais je n'en avais plus le besoin impératif, je ne ressentais plus l'inévitable déséquilibre, la confuse insatisfaction, des semaines sans vrai projet.
Le projet est en moi, permanent. Même quand je ne le pense pas, je le vis.

Aspect étrange, vraiment, dont je ne saurais dire s'il est positif ou négatif, ou rien de cela. Qui peut-être explique le fameux désarroi du post-partum. Pendant neuf mois je ne suis plus seule. Jamais, jamais. Même dans mon bain, même aux toilettes, même dans la maison tranquille où je tape ces mots. Il y a toujours quelqu'un avec moi, que je le veuille ou non, que je le sente ou non. A chaque infinitésimale fraction de seconde, nous sommes deux.

Jusqu'à ce que, dans quelques semaines, commence une Histoire entièrement Nouvelle.