lundi 26 janvier 2009

RÉSISTER ?

Il y a tant à faire, et si peu de voies.
Tant à crier, et si peu de voix.
On ne sait où commencer, on a peur de commencer, peur de finir — de finir où ?
On ne sait par où résister, on est attaqué de toutes parts, on n'a pas le temps de se retourner.
Et puis on n'a jamais été très doué pour résister. On est par excellence le pronom de la majorité silencieuse.

On est bien obligé d'ouvrir plusieurs fronts, de feux en contre-feux, on ne sait plus où donner de la voix, où donner de la révolte.

Je choisis l'Université.
Parce que le péril est immense, un gouffre qui s'ouvre sous nos pieds — sous les pieds de la France, dirait Hugo que chacun cite ces jours-ci.

Et parce que malgré tout je souris et me souviens, je choisis cette preuve que l'heure est vraiment grave :

Communiqué

Réunis en assemblée générale le 23 janvier 2009, les professeurs et les maîtres de conférences de l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence ont approuvé à l'unanimité les motions adoptées par la coordination nationale des universités le 22 janvier 2009, qui exigent, notamment, que le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche retire sans préalable le projet de décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs.

Certains volets de ce texte mettent gravement en cause les libertés académiques et le mode d'évaluation par les pairs dont bénéficie tout universitaire.

Faute de retrait du projet avant le 2 février 2009, le corps enseignant de l'IEP, pour la première fois de son histoire, s'associera à la grève totale, reconductible et illimitée décidée par la coordination nationale.

Ce retrait doit être le point de départ d'une concertation d'ensemble visant à assurer le renouveau et le développement de l'Université, mais aussi à donner aux enseignants-chercheurs les moyens et le statut garantissant l'accomplissement de leurs missions.

Cet enjeu concerne tout particulièrement les Instituts d'études politiques dont les spécificités au sein de l'enseignement supérieur doivent être protégées. A cet effet, nous demandons à l'ensemble des directeurs d'IEP de se coordonner afin d'agir en ce sens auprès du Ministère.


Je confirme : jamais, jamais, ils n'ont pris pareille décision. Ce sont des hommes et des femmes qui connaissent la chanson, et que la vieille ironie a toujours gardés de l'engagement. Des esprits pratiques, qui tous ont lu Machiavel et se préparent calmement à négocier avec les Princes.
Mais pas cette fois.
Cette fois, ils franchissent le Rubicon.
Puissent-ils emporter la victoire.

jeudi 22 janvier 2009

PIGEONS & GARGOUILLES

Pour se débarrasser de quelques pigeons…

J'entends déjà les protestations indignées des Défenseurs des Animaux à Plumes et à Bec, et suis contrainte de m'expliquer.
Je n'avais rien, vraiment rien, contre les pigeons. Certes ce ne sont pas les plus malins des animaux, mais ils ont de belles couleurs irisées, et me rappellent Virginia Woolf, la place Saint-Marc à Venise, ainsi que Montaigne et La Boétie, grâces en soient rendues au Professeur Jean-Claude Ricci.
Je n'avais rien, vraiment rien contre eux, jusqu'à ce qu'ils décident de nicher sous les poutres qui surplombent notre terrasse et de faire leurs besoins sur notre linge étendu. Nous vivons, savez-vous, dans une région peu ensoleillée et sujette aux intempéries, et nous réjouissions de disposer d'une terrasse couverte pour y faire sécher notre linge à l'abri. A l'abri de Pluie et de Neige, mais pas des Pigeons.

Pour se débarrasser de quelques pigeons, il ne suffit pas d'ouvrir sa fenêtre à intervalles réguliers et avec fracas. Certes ils fuient à tire d'ailes — le pigeon n'est pas un oiseau courageux — mais reviennent dix minutes plus tard et roucoulent de plus belle — le pigeon a la mémoire courte.
Il fallait donc recourir à des spécialistes, de vrais chasseurs, des prédateurs-de-pigeons.
Ainsi me suis-je lancée dans de savantes reccherches, et j'ai fini par établir une liste des plus prometteuses. Trois peuples arrivaient en tête : les Chats, les Corbeaux et les Gargouilles.

J'étais donc terriblement chanceuse, puisqu'avec ces trois peuples je me trouve avoir des rapports privilégiés.

Les Chats, qui s'en vont tous seuls, veillent sur l'équilibre, et dont l'oeil cèle et révèle la sagesse — les chats semblaient les plus faciles à trouver, les plus familières présences. Notre immeuble en compte plusieurs, dont un éternel évadé, vagabond des toits, une ombre noire qui se glisse partout, à bon ou mauvais gré, et vient souvent derrière notre porte miauler à fendre l'âme. C'est encore un pouvoir des Chats : ils savent fendre les âmes, et peut-être, dans quelques rares cas, les recoller.
Mais voilà : s'ils marchent sur les toits, ils ont beaucoup plus de difficultés à marcher dessous, et ne peuvent donc pas déloger ces pigeons-là, qui nichent sous le toit.

Les Corbeaux m'accompagnent de leur ombre depuis longtemps. Eux et moi avons passé bien des pactes. Les pigeons les craignent à raison, se révélant plus sages que les humains. Mais ils sont si loin de nous, bien plus indépendants encore que les chats. Personne, jamais, ne se fait obéir d'un corbeau, pas même le Roi des Fées. Leur sens de l'humour, cependant, est presque humain. Ils m'ont fait la grâce de passer un jour, volant paresseusement sous les toits, chassant de leurs grands cris rauques les pigeons affolés. Ils ont fait cela, bien sûr, à l'instant même où j'arrivais, afin que j'apprécie leur don à sa juste valeur. Puis ils s'en sont allés. Ils obéissent à d'autres lois que les hommes, se meuvent dans d'autres temps.

Restaient les Gargouilles. Certes moins mobiles que les deux autres peuples, leur méthode est aussi plus radicale: elles ne se contentent pas de chasser les pigeons, elles les dévorent, crac, croc, déglutissent et digèrent. Elles sont aussi de mes proches. Je leur ai enseigné autrefois, je les ai écoutées, je leur ai offert sourire et respect, elles ont été mes sentinelles et parfois même d'étranges nourrices de pierre. Il se trouve que j'héberge en ce moment deux d'entre elles, dont les noms comme il se doit commencent par un G. Las! Ces deux-là, amollis par leur vie facile, sont devenus de vraies gargouilles de salon! Les pigeons crus ne sont pas un mets de leur goût, le froid et la pluie ne leur disent rien qui vaille. Elles ont décliné ma proposition avec indignation.

Depuis des semaines, nous n'étendons plus dehors.
Et les pigeons roucoulent toujours.

dimanche 18 janvier 2009

L'AFFICHE DE L'EXPOSITION


Une fois n'est pas coutume, un post-image.
Mais après tout, puisqu'il s'agit de peinture, je peux faire une exception de mots.

vendredi 16 janvier 2009

… COMMENCE PAR SOI-MÊME !



Une autre nouvelle, d'autres mots, que certains ont lu sur ce même blog, et qui accompagneront l'exposition des "Portes" de Chris Bourgue.

Porte entre les arts, porte-passerelle, porte du visible à l'invisible, et retour, porte qui dissimule, porte-secret, porte-miroir, porte qui s'ouvre sur les autres mondes…
Sans doute l'un des noms les plus chers à mon coeur.

Vous êtes tous invités !
Je serai présente à Trets le samedi 7 février après midi.

Château des Remparts
Bd Etienne Boyer
13530 Trets

tel : 04 42 61 23 76
Ouvert du mardi au samedi(inclus) de 9h30 à 12h et de 14h à 17h30.
Vernissage le vendredi 6 février à 18h30.
Expo du 3 au 14 février.

jeudi 15 janvier 2009

CHARITÉ BIEN ORDONNÉE…


Une note pour faire ma propre publicité, à l'occasion de la parution du "Tribunal des Corbeaux", un texte auquel je suis particulièrement attachée…

Une note pour rendre hommage à Léonor Lara, éditrice éphémère et attristée, écrivain rare et précieuse, qui a dirigé la revue Monk jusqu'à cet ultime numéro.

Une note pour rendre hommage à Alain Valet et à ses merveilleuses illustrations.

Chant du cygne de l’éphémère revue Monk

Après de nombreuses péripéties, quelques sueurs froides et pas mal d’angoisse, le numéro 4 de Monk est enfin paru ! A peine paru, et déjà collector : « Rapaces, phénix, noirs corbeaux… » sera en effet le tout dernier numéro d’une revue fugace et pas comme les autres…
Dans ses pages, vous découvrirez la gent à bec et à plumes comme vous ne l’avez jamais vue, guidés par les visions étranges d’Alain Valet et par les mots enchantés de Fleur Daugey, Gérald Duchemin, Delphine Imbert, Charlotte Bousquet, Marianne Lesage et François Fierobe. Vous rencontrerez un phénix à l’humeur vengeresse, une Effraie nostalgique, des volatiles inconnus, à la beauté meurtrière, d’autres si fragiles que vous voudriez les sauver, et une pleine assemblée de corbeaux prête à sceller le sort d’un royaume…
Le tout s’accompagne d’une surprenante missive, due à la plume inspirée de Denis Labbé…

Pour commander un exemplaire, il suffit d’adresser un chèque d’un montant de 6,90 € (frais de port compris) à :

Editions Silenda
Etoile Mirabeau n°3
50 avenue de Grenade
13100 Aix en Provence

Les numéros 2 et 3 restent également disponibles à la vente.

Et pour toute information, n’hésitez pas à adresser un mail à leonor.lara@free.fr

dimanche 4 janvier 2009

VOEUX

Il fut un temps où Noël durait douze jours. Douze jours de fête et de rites, hors du monde, douze jours de neige, d'étoiles et de feux, douze jours (un peu plus, nous sommes des Tricheurs) dans un havre à l'écart du monde et de tous les Réseaux.
Je reviens donc au monde, au travail, à vous.
Que cette page devienne carte de voeux géante. Carte du ciel, carte du tendre, constellations d'affections et d'espoirs.

A mes Amies.

A Nathalie et Lucie, Renaissance et Lumière.
A Nathalie. Que cette Nativité soit la sienne, encore et toujours, qu'elle ait beaucoup plus de Neuf Vies. Que les Lumières qui brillent en hiver se souviennent qu'elle est des leurs, et la fassent rayonner. Que tous voient cette lumière.
A Lucie. Que le monde lui rende la pareille. Avec la même bonté, la même énergie, le même espoir. Que le monde lui rende tous les sourires qu'elle a offerts.

A Hélène, qui vient de me rappeler à d'anciens paris, d'anciens serments, d'anciens liens. Encore une naissance, encore une lumière.
A Elriel, forcément, que je n'ai pas oubliée, à qui je pense chaque Noël, pour le plus grand des miracles d'hiver.
A Shaya, que j'ai manquée encore, qui réveillonnait au soleil du Sud, loin de mes frimas. C'est aussi un temps de rendez-vous manqués, de rendez-vous promis.
Au Gabian, pour un autre rendez-vous manqué, et les sortilèges de la distance qui parfois rapprochent les esprits.
A Lisou, qui était là, et ne lit pas ce blog, pour lui redire en secret combien j'ai aimé leur présence au tournant de l'année, et combien ses compliments me touchent. Pour rougir.

A mes Amis.

A ceux avec qui j'ai passé maints réveillons, avant le Temps des Grands Exodes.
A Fabrice, à Julien, à Nico, à Rémy.
Toujours.
Je n'oublie pas.
Des liens même dissous quelque chose demeure, impalpable, innommable, un réseau qui n'est pas celui que j'arpente ici.

A Fredou, aux Poètes, aux Créateurs de Monde.

A Kerglas.

A tous les autres avec qui j'ai joué d'un côté du miroir ou de l'autre.


A mes Ambriens.
Le temps était trop précieux, l'air trop cristallin, l'instant trop miraculeux pour que je ne pense pas à Ambre, à vous, à ce que nous en avons fait ensemble, à ce que nous en ferons peut-être tandis que l'univers se précipite vers sa fin.
A Edgar, à Emrys, à Fenis, à Jemtrid, à Jorune. A tous les autres qui vivent en moi et en vous.
A leurs joueurs, éparpillés dans une autre bizarre cartographie, taches de couleur projetées sur une carte d'Europe.
Aux fidèles !
Aux infidèles !

Aux Elèves.

A ceux qui restent et qui finalement ne sont pas ceux que j'ai choisis, élus, honteux favoritismes, mais ceux qui ont choisi de lancer de tels fils, de déposer leur étoile sur la carte.
A ceux qui passent leur bac, à ceux qui naviguent dans les eaux troubles au-delà.
A Arnaud, à Alexandra, à Thomas, à Oona, à Eloïse.
A tous les autres.

A tous les autres.
Ceux que j'oublie, ceux que je néglige, ceux à qui je manque, ceux qui me manquent, ceux que je tais.

Naissances, Lumières, Liens.
Revenons au monde.
Renouons au monde.