L'absence n'est jamais où on l'attend. Quoi de plus normal ? L'absence est ce qui échappe.
Pour se poser, il lui faut l'immobilité. Pour que le vide prenne forme, il faut interrompre sa course. Pour avoir un poids, il lui faut du temps.
Et je n'en ai pas. Je cours. Sans m'arrêter. Et le vide ne me rattrape pas.
Quel nom donner alors à cette chose sans contour que je perçois confusément ? Cette ombre tremblante, ce vacillement de la pensée, ces secondes où l'esprit perd l'équilibre, une marche se dérobant sous lui : c'est ça — une marche absente.
Cet étonnement perpétuel et diffus : quand on lève les yeux vers un objet familier, et ne le trouve pas, et qu'il nous faut toujours quelques secondes pour nous rappeler pourquoi.
D'autant plus périlleuse et déstabilisante qu'elle n'est pas absolue : l'absence infime qui n'est pas rupture, qui n'est pas mort. Qui n'a pas de nom, décidément pas de nom, qui n'est qu'un souffle, le coeur qui manque un battement, juste un, jamais plus d'un.
Ce n'est après tout que ce vieux poncif de chanson pop vaguement mélancolique : I miss you more than I can tell.
Mais surtout : I miss you more because I can't tell.
Tu m'échappes d'autant plus que ton absence elle-même m'échappe.
mercredi 28 septembre 2005
samedi 3 septembre 2005
ET PLUS SI AFFINITES...
Et tous les autres…
Pleurer de lourdes larmes d’adolescente sur la mort d’Eric Jansen, le jour de ses 18 ans, et découvrir le poids de l’irréversible;
Sur le pont d’un navire, la nuit, chercher vainement la trace d’un fantôme bien-aimé, et m’abandonner aux baisers savants de Caine, à l’habileté de ses mains brunes, sans jamais lui faire confiance;
Voir la ville de Palanthas à l’envers, du sommet de la Tour de Haute Sorcellerie, et révéler mes propres ténèbres avec mon désir pour un elfe noir;
Atteindre à la fusion des esprits et des corps que permet le laran et tout partager avec Regis Hastur, devoir et amour, et nous donner la force de changer Ténébreuse au lever du soleil sanglant;
Dans la plus haute tour d’une cité recréée de l’oubli, danser dans les doigts musiciens d’Alessan et boire à ses lèvres le vin bleu;
Goûter à l’inventivité de Violette Baudelaire et nouer son ruban aux endroits les plus inattendus, avant la prochaine catastrophe;
Croiser Corto dans une rue de Venise, sur une plage d’Irlande, et parler doucement des histoires qui ne seront pas;
Me laisser emporter aux bras rugissants de Lestat, aux éclats de son rire, aux triomphes de son feu, et oublier pour une nuit qu’il me ressemble comme un frère;
Tirer Padmé de ses cauchemars, et glisser sans y penser de l’amitié à l’étreinte dans les douces boucles de ses cheveux;
Dans la fulgurance d’une seconde ou d’une vie, comprendre qu’Heylel est l’absolu d’amour que je cherche, le voir me reconnaître aussi, et être forcée de le sacrifier au monde;
Dans l’eau des Caraïbes ou d’une planète exotique, me laisser convaincre par Isa et Cyann que la beauté et la force sont femmes, du moins jusqu’à nos prochaines aventures;
En Fionavar me souvenir de la blonde audace de Diarmaid, épouser le sombre et droit Ailéron, et quitter le monde des hommes au côté d’un loup argenté revenu dans la Lumière;
Etre plus proche de Remus que d’un frère, que d’un amant, que d’un époux, et ne jamais le dire, ne jamais aller jusqu’au baiser, irrémédiablement séparés par le fantôme chéri entre nous;
Traverser la nuit sur les ailes dorées d’un dragon, et trouver le repos ardent et la douce torture entre les bras du seigneur de Ruatha;
Désirs réprimés, affrontements, interdits, sublimations: être l’élève et la nièce de Luke Skywalker et changer en triangle son lien avec la redoutable Mara Jade;
En un siècle d'intrigue et d'honneur, tout faire pour mériter l'amour et le respect d'Athos, sans pouvoir m'empêcher de désirer Aramis;
Quand la guerre est la seule fin possible, ouvrir ma couche aux caresses subtiles d’Ammar et à la tendresse virile de Rodrigo, et me souvenir qu’il n’est pas mal pour une femme d’aimer deux hommes — ni quarante.
Et d’autres, d’autres.
Aussi une promesse et un silence: celui que j’ai promis d’écrire puisque tu me fais cette grâce, breda — celui que j’ai écrit déjà et qu’il me faut taire, ici.
Mes très aimés.
(Eric Jansen ©Serge Dalens, Le Prince Eric ; Caine ©Roger Zelazny, le Cycle d’Ambre ; Dalamar ©Weis & Hickman, Dragonlance ; Regis Hastur ©Marion Zimmer Bradley, Ténébreuse ; Alessan ©Guy Gavriel Kay, Tigane ; Violette Baudelaire ©Lemony Snicket, Les Désastreuses Aventures… ; Corto Maltese ©Hugo Pratt ; Lestat ©Anne Rice, Chroniques des Vampires ; Padmé Amidala, Luke Skywalker et Mara Jade ©Star Wars ; Heylel Téomin Thoabath ©Mage l’Ascension ; Isa et Cyann ©François Bourgeon ; Diarmaid, Ailéron et Galadan ©Guy Gavriel Kay, La Tapisserie de Fionavar ; Remus Lupin ©J.K. Rowling, Harry Potter ; Alessan de Ruatha ©Anne McCaffrey, Pern ; Athos et Aramis ©Alexandre Dumas, le cycle des Mousquetaires ; Ammar et Rodrigo ©Guy Gavriel Kay, Les Lions d’Al-Rassan)
Pleurer de lourdes larmes d’adolescente sur la mort d’Eric Jansen, le jour de ses 18 ans, et découvrir le poids de l’irréversible;
Sur le pont d’un navire, la nuit, chercher vainement la trace d’un fantôme bien-aimé, et m’abandonner aux baisers savants de Caine, à l’habileté de ses mains brunes, sans jamais lui faire confiance;
Voir la ville de Palanthas à l’envers, du sommet de la Tour de Haute Sorcellerie, et révéler mes propres ténèbres avec mon désir pour un elfe noir;
Atteindre à la fusion des esprits et des corps que permet le laran et tout partager avec Regis Hastur, devoir et amour, et nous donner la force de changer Ténébreuse au lever du soleil sanglant;
Dans la plus haute tour d’une cité recréée de l’oubli, danser dans les doigts musiciens d’Alessan et boire à ses lèvres le vin bleu;
Goûter à l’inventivité de Violette Baudelaire et nouer son ruban aux endroits les plus inattendus, avant la prochaine catastrophe;
Croiser Corto dans une rue de Venise, sur une plage d’Irlande, et parler doucement des histoires qui ne seront pas;
Me laisser emporter aux bras rugissants de Lestat, aux éclats de son rire, aux triomphes de son feu, et oublier pour une nuit qu’il me ressemble comme un frère;
Tirer Padmé de ses cauchemars, et glisser sans y penser de l’amitié à l’étreinte dans les douces boucles de ses cheveux;
Dans la fulgurance d’une seconde ou d’une vie, comprendre qu’Heylel est l’absolu d’amour que je cherche, le voir me reconnaître aussi, et être forcée de le sacrifier au monde;
Dans l’eau des Caraïbes ou d’une planète exotique, me laisser convaincre par Isa et Cyann que la beauté et la force sont femmes, du moins jusqu’à nos prochaines aventures;
En Fionavar me souvenir de la blonde audace de Diarmaid, épouser le sombre et droit Ailéron, et quitter le monde des hommes au côté d’un loup argenté revenu dans la Lumière;
Etre plus proche de Remus que d’un frère, que d’un amant, que d’un époux, et ne jamais le dire, ne jamais aller jusqu’au baiser, irrémédiablement séparés par le fantôme chéri entre nous;
Traverser la nuit sur les ailes dorées d’un dragon, et trouver le repos ardent et la douce torture entre les bras du seigneur de Ruatha;
Désirs réprimés, affrontements, interdits, sublimations: être l’élève et la nièce de Luke Skywalker et changer en triangle son lien avec la redoutable Mara Jade;
En un siècle d'intrigue et d'honneur, tout faire pour mériter l'amour et le respect d'Athos, sans pouvoir m'empêcher de désirer Aramis;
Quand la guerre est la seule fin possible, ouvrir ma couche aux caresses subtiles d’Ammar et à la tendresse virile de Rodrigo, et me souvenir qu’il n’est pas mal pour une femme d’aimer deux hommes — ni quarante.
Et d’autres, d’autres.
Aussi une promesse et un silence: celui que j’ai promis d’écrire puisque tu me fais cette grâce, breda — celui que j’ai écrit déjà et qu’il me faut taire, ici.
Mes très aimés.
(Eric Jansen ©Serge Dalens, Le Prince Eric ; Caine ©Roger Zelazny, le Cycle d’Ambre ; Dalamar ©Weis & Hickman, Dragonlance ; Regis Hastur ©Marion Zimmer Bradley, Ténébreuse ; Alessan ©Guy Gavriel Kay, Tigane ; Violette Baudelaire ©Lemony Snicket, Les Désastreuses Aventures… ; Corto Maltese ©Hugo Pratt ; Lestat ©Anne Rice, Chroniques des Vampires ; Padmé Amidala, Luke Skywalker et Mara Jade ©Star Wars ; Heylel Téomin Thoabath ©Mage l’Ascension ; Isa et Cyann ©François Bourgeon ; Diarmaid, Ailéron et Galadan ©Guy Gavriel Kay, La Tapisserie de Fionavar ; Remus Lupin ©J.K. Rowling, Harry Potter ; Alessan de Ruatha ©Anne McCaffrey, Pern ; Athos et Aramis ©Alexandre Dumas, le cycle des Mousquetaires ; Ammar et Rodrigo ©Guy Gavriel Kay, Les Lions d’Al-Rassan)
10 PERSONNAGES... (10)
Sans doute dirai-je demain un mot des autres, mais la règle du jeu s'achève avec celui-ci...
Va au diable. Quoi qu’ils disent, toi seul éveilles ma colère. Tu l’as toujours fait, colère et tendresse, à parts égales. Va-t-en. N’essaie pas de te faire pardonner. C’est foutu, classé. Tu occupes le corps d’un gamin surpuissant et menteur. Fini. Ne tape pas à cette porte. Va au diable.
Mais tu entres et tout change. Tu n’es plus un enfant, soudain. Ni l’homme vieillissant que j’ai connu. J’ignore ce que tu es: toi au sommet de ta force, toi sous la forme qui change tout, que je peux désirer. Et il n’y a qu’une explication à cela, mais je n’ai pas le temps de la formuler, de la penser, tes bras autour de moi, tes caresses, mes réponses, ce miracle répété —mon corps qui réapprend, s’enroule au tien, le lien retissé— ma colère renaît, flamboie, mais tu la saisis, l’infléchis, une chaleur nouvelle, une passion nouvelle, assez pour que nos vêtements tombent en cendres, assez pour que je voie rouge, rien que ton corps sur ma rétine, assez pour sécher mes larmes rageuses et tremper tout le reste, projeter notre étreinte devant l’âtre, éteindre et remplacer le feu, sentir ta brûlure en moi, mes doigts sur tes faiblesses, crier ton nom retrouvé, m’ouvrir, nous ouvrir, ne plus savoir où est le sol, et sombrer enfin dans mon propre abîme, soustrait à l’espace et au temps.
Ils renaissent, gravité de l’espace, ton corps, aube du temps, froid sur ma peau —et tu es toujours celui-là, ce nom, ce lien, cet homme— je peux le dire enfin, ma langue à ton oreille. Voici la dixième Sphère.
Porthos Fitz Empress
(Mage l'Ascension™)
Va au diable. Quoi qu’ils disent, toi seul éveilles ma colère. Tu l’as toujours fait, colère et tendresse, à parts égales. Va-t-en. N’essaie pas de te faire pardonner. C’est foutu, classé. Tu occupes le corps d’un gamin surpuissant et menteur. Fini. Ne tape pas à cette porte. Va au diable.
Mais tu entres et tout change. Tu n’es plus un enfant, soudain. Ni l’homme vieillissant que j’ai connu. J’ignore ce que tu es: toi au sommet de ta force, toi sous la forme qui change tout, que je peux désirer. Et il n’y a qu’une explication à cela, mais je n’ai pas le temps de la formuler, de la penser, tes bras autour de moi, tes caresses, mes réponses, ce miracle répété —mon corps qui réapprend, s’enroule au tien, le lien retissé— ma colère renaît, flamboie, mais tu la saisis, l’infléchis, une chaleur nouvelle, une passion nouvelle, assez pour que nos vêtements tombent en cendres, assez pour que je voie rouge, rien que ton corps sur ma rétine, assez pour sécher mes larmes rageuses et tremper tout le reste, projeter notre étreinte devant l’âtre, éteindre et remplacer le feu, sentir ta brûlure en moi, mes doigts sur tes faiblesses, crier ton nom retrouvé, m’ouvrir, nous ouvrir, ne plus savoir où est le sol, et sombrer enfin dans mon propre abîme, soustrait à l’espace et au temps.
Ils renaissent, gravité de l’espace, ton corps, aube du temps, froid sur ma peau —et tu es toujours celui-là, ce nom, ce lien, cet homme— je peux le dire enfin, ma langue à ton oreille. Voici la dixième Sphère.
Porthos Fitz Empress
(Mage l'Ascension™)
vendredi 2 septembre 2005
10 PERSONNAGES... (9)
Ou comment faire mine d'oublier la rentrée.
Pour ceux qui voudraient lire la version intégrale de ce texte, qu'ils n'hésitent pas à me la demander.
Au creux de la nuit, l’heure des possibles, les fêtes basculent, les gestes dérapent, le risque est le plus grand. Du jardin, exil volontaire, je reconnais son pas. Une épreuve que je n’ai pas envie d’affronter.
— Moi aussi j’avais du mal au début, dit-il. A en sortir, à revenir au monde, et pire, aux mondanités.
Maudit soit le destin pour avoir mis cette âme grave et subtile dans ce corps trop séduisant, et l’avoir placé sur mon chemin.
— Je m’emportais contre l’aveuglement de mes proches. J’allais bouder dans un coin, comme toi.
— Je ne boude pas.
— D’accord: tu t’éloignes et nous observes sans concession. Mais ça passera. Tu as l’instinct de la comédie, humaine ou pas.
— Un compliment à double tranchant.
— Non. Un don que je n’ai pas et que j’envie. Tu renvoies au monde un miroir amusé, tu n’es pas dupe d’un milieu. Le don de Lizzy Bennet.
Et je sais qu’il va poursuivre, comme une part de moi le désire.
— … pas celui de Darcy.
Jamais il n’était allé si loin. En me donnant ce nom d’emblée il a structuré notre relation. Mais jamais il n’avait formulé le reste: s’il me voit en Elizabeth Bennet, c’est que lui se voit en Darcy.
Si je lève les yeux vers lui et dis son nom, il m’embrassera, quoi qu’il puisse arriver. Il m’embrassera. Je ne le fais pas.
Si je dis C’est aussi le don d’Helen ou Darcy n’était pas marié, je le renverrai à ses devoirs, ce sera la fin. Mais je ne le fais pas.
Moment enfui. Et pour un instant j’ai désespérément envie de lui, je suis désespérément amoureuse de lui.
Thomas Lynley
(Elizabeth George, les enquêtes de Lynley et Havers)
Pour ceux qui voudraient lire la version intégrale de ce texte, qu'ils n'hésitent pas à me la demander.
Au creux de la nuit, l’heure des possibles, les fêtes basculent, les gestes dérapent, le risque est le plus grand. Du jardin, exil volontaire, je reconnais son pas. Une épreuve que je n’ai pas envie d’affronter.
— Moi aussi j’avais du mal au début, dit-il. A en sortir, à revenir au monde, et pire, aux mondanités.
Maudit soit le destin pour avoir mis cette âme grave et subtile dans ce corps trop séduisant, et l’avoir placé sur mon chemin.
— Je m’emportais contre l’aveuglement de mes proches. J’allais bouder dans un coin, comme toi.
— Je ne boude pas.
— D’accord: tu t’éloignes et nous observes sans concession. Mais ça passera. Tu as l’instinct de la comédie, humaine ou pas.
— Un compliment à double tranchant.
— Non. Un don que je n’ai pas et que j’envie. Tu renvoies au monde un miroir amusé, tu n’es pas dupe d’un milieu. Le don de Lizzy Bennet.
Et je sais qu’il va poursuivre, comme une part de moi le désire.
— … pas celui de Darcy.
Jamais il n’était allé si loin. En me donnant ce nom d’emblée il a structuré notre relation. Mais jamais il n’avait formulé le reste: s’il me voit en Elizabeth Bennet, c’est que lui se voit en Darcy.
Si je lève les yeux vers lui et dis son nom, il m’embrassera, quoi qu’il puisse arriver. Il m’embrassera. Je ne le fais pas.
Si je dis C’est aussi le don d’Helen ou Darcy n’était pas marié, je le renverrai à ses devoirs, ce sera la fin. Mais je ne le fais pas.
Moment enfui. Et pour un instant j’ai désespérément envie de lui, je suis désespérément amoureuse de lui.
Thomas Lynley
(Elizabeth George, les enquêtes de Lynley et Havers)
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