lundi 18 février 2008

DISSERTATION À SUJET IMPOSÉ (1)

Pour ceux qui ne le savent pas, nous nous préparons à un jeu de rôles grandeur-nature des plus prometteurs, se déroulant dans le monde de Harry Potter en 1982, donc à la fin de la première guerre contre Voldemort.
Une autre joueuse ayant proposé un concours exigeant de chanter les louanges de la mal-aimée Maison Serpentard, j'ai trouvé amusant de présenter ma contribution sous la forme d'une copie d'élève...

Que ceux qui n'ont pas fini le tome 7 ne s'inquiètent pas, cette dissertation étant censée dater de 1982, elle ne contient aucun spoiler!



À l’heure où les horreurs de la guerre laissent place aux purges, aux tribunaux et aux règlements de compte, nombreux sont ceux qui remettent en cause les valeurs de la Maison fondée par Salazar Serpentard, dénoncent son implication aux côtés de Celui Dont Il Ne Faut Pas Prononcer le Nom, et vont jusqu’à réclamer son éradication.
Cependant le Choixpeau Magique et les traditions de Poudlard nous rappellent que l’Ecole n’est entière que si elle conserve ses quatre Maisons. Il semble donc nécessaire de nous interroger sur les valeurs réelles de la Maison Serpentard : est-elle historiquement et intrinsèquement liée à la magie noire et à l’obsession du sang pur? N’apporte-t-elle pas à la société des sorciers des éléments essentiels à sa survie?

Deux accusations reviennent dans les critiques formulées contre la Maison du Serpent : elle nourrirait de violents préjugés envers les Moldus et les sorciers d’ascendance moldue, et elle s’attacherait à des pratiques de magie noire condamnées par le Ministère de la Magie et le Code International.
De fait, il est impossible de nier que d’anciens élèves de la Maison Serpentard se rendent régulièrement coupables d’agressions contre les Moldus. Selon les dernières statistiques publiées par le Ministère, 56 % de ces agressions ont été commises par des ressortissants de Serpentard, et le pourcentage s’élève à 62 % si l’on prend en compte uniquement les agressions avec violence aboutissant à la mort ou un handicap permanent. Ce phénomène n’a rien de récent (ainsi le groupe de marins sorciers qui a créé en 1801 un nouveau poisson magique, le Sharak, entièrement couvert d'épines, destinées à déchirer les filets des Moldus, était déjà d’obédience Serpentard (1)), mais il s’est amplifié au cours du XXe siècle. Cette rancœur envers les Moldus est l’une des causes principales de l’adhésion des Serpentards aux thèses de certains mages noirs, au premier rang desquels Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-le-Nom et Gellert Grindelwald, qui ont tous deux développé des thèses prônant l’asservissement des Moldus ou l’interdiction d’enseigner la magie aux sorciers d’ascendance moldue.
Cette idéologie est-elle intrinsèque à la Maison ? On peut le penser, car de telles idées sont prêtées au Fondateur de la Maison lui-même: « Serpentard disait : Il faut enseigner / Aux descendants des plus nobles lignées », nous rappelle le Choixpeau. Cette conviction est même présentée comme la cause du départ de Serpentard, et donc de la rupture de l’harmonie entre les quatre Fondateurs de Poudlard, ce qui fournit un nouvel argument aux détracteurs de Salazar Serpentard.
Malgré tout, une étude objective prenant en compte la dimension historique permet de relativiser cette accusation. Il convient avant tout de rappeler que la Fondation de Poudlard date du Haut Moyen-Age, période à laquelle l’idée d’une noblesse de sang était considérée comme naturelle tant chez les Moldus que chez les sorciers. L’ensemble de la société était persuadée de l’existence d’une telle division, et Serpentard n’était en rien une exception, il représentait même le courant de pensée majoritaire à son époque : « Point ne devons mêler, écrit le chroniqueur des Annales Britanniae, le noble et le vilain, comme dans nos potions nous savons séparer ces substances, de même nous devons le faire dans le monde. » Randolphus Pittiman, l’auteur de la biographie d’Uric le Follingue, rappelle qu’à l’époque, on considérait même que la magie pratiquée par les sorciers de sang pur (appelée Sorcellerie) était intrinsèquement différente de la «magie vulgaire» qui se révélait chez certains Moldus et passait pour une forme de prestidigitation. A cette époque, plusieurs sorciers et sorcières ont été condamnés au bannissement par des cours de justice officielle pour le crime de mésalliance.
D’autre part, on oublie trop souvent que les anciennes familles de sorciers, dont sont majoritairement issus les Serpentards, ont elles-mêmes été la cible de nombreuses violences au cours des siècles. Si l’Inquisition de l’Eglise Moldue est souvent tournée en dérision par les ouvrages d’Histoire de la Magie, et si effectivement la plupart des véritables sorciers et sorcières arrêtés ont pu se soustraire à la mort, il n’en a pas été de même de leurs biens matériels. Maintes demeures ancestrales ont été brûlées, maintes fortunes dispersées : la famille Goyle, qui possédait la moitié du Northumberland, a été réduite à la misère et contrainte à demander l’asile à d’autres sorciers, refusant par fierté d’envoyer ses enfants à Poudlard pour dissimuler sa pauvreté. Jusqu’alors, les sympathisants de Serpentard tournaient plutôt leurs foudres contre les sorciers d’origine «impure», mais à cette époque, ils ont commencé à considérer les Moldus eux-mêmes comme une menace, et à chercher des moyens de les combattre ou de les contrôler. Plus tard, dans les années de désordre et de terreur qui ont accompagné les révoltes gobelines et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les mêmes familles ont été la cible de violentes campagnes de propagande de la part des autres sorciers. Pendant cette période, de nouveaux biens ont été confisqués au nom de prétextes plus ou moins convaincants, des titres de noblesses ont été abandonnés sous la pression générale (Ambrosius de Logres qui affirmait descendre d’Arthur et de Morgane a dû renoncer à ses prétentions et changer son nom en «Sorgel»), et certains sorciers ont même été bannis ou exécutés. Ces pages de l’histoire des sorciers d’Angleterre sont tellement sujettes à polémique qu’elles ont été édulcorées dans les récits officiels (notamment dans le manuel d’Histoire de la magie en usage à Poudlard), et seuls les sorciers des familles concernées continuent à les transmettre de bouche à oreille à leurs héritiers, entretenant ainsi un sentiment d’injustice et un désir de vengeance certes regrettable mais aussi compréhensible, compte tenu de la position «amnésique» adoptée par le Ministère.
Il semble que ce soit cette même rancœur latente vis à vis des Serpentard qui resurgit à présent, réveillée par l’horreur de la guerre et les tragédies hélas bien réelles auxquelles de nombreuses familles viennent d’être confrontées. On pointe du doigt la discrimination réclamée par Salazar Serpentard, en oubliant que deux autres Maisons pratiquaient aussi des formes de discrimination (Rowena Serdaigle par l’intelligence, Godric Gryffondor par le courage) et que seule Helga Poufsouffle prônait l’égalité entre les élèves. On cite les propos du Choixpeau magique, en oubliant qu’il coiffait jadis la tête de Gryffondor, et que malgré sa sagesse et son expérience, il est nécessairement prisonnier du point de vue de son ancien possesseur. Ne cite-t-il pas neuf fois sur dix la Maison Gryffondor comme premier choix? (2)

L’association entre la Maison Serpentard et les Pratiques Obscures serait-elle entachée des mêmes préjugés ? ... Vous le saurez en lisant demain la suite de cette dissertation.


1 : Et sans doute est-il bon de préciser, sans les excuser, que les sorciers en question ont agi en réponse à des insultes répétées de pêcheurs Moldus. Comme on le verra plus tard, cette précision n’est pas indifférente pour comprendre les fondements du comportement Serpentard envers les Moldus.
2 : Comme le confirme l’Histoire de Poudlard, Annexe II, Compendium des chansons de rentrée du Choixpeau Magique

2 commentaires:

Anonyme a dit…

L'avocat du Diable... One question : what about this GN? (Shaya rougit - crève d'envie d'en savoir plus...)

Alba a dit…

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