Très étrangement, je n'ai pas pensé à Ronsard, ni à Louise Labé, ni aux Romantiques, ni aux poètes du XXème siècle que j'aime tant (Jaccottet le premier).
J'ai pensé à Verlaine, dont la poésie ne me touche pas toujours, et à ce texte de Parallèlement que je n'ai jamais oublié, "Laeti et errabundi", et dont je ne cite ici que la fin.
Fin bouleversante, que je n'en finis pas d'aimer, écrite alors que la rumeur (alors fausse) de la mort de Rimbaud, venait de l'atteindre, des années après leur rupture.
Et pour vous ? Quel est le plus beau poème d'amour en langue française ?On vous dit mort, vous. Que le Diable
Emporte avec qui la colporte
La nouvelle irrémédiable
Qui vient ainsi battre ma porte !Je n'y veux rien croire. Mort, vous,
Toi, dieu parmi les demi-dieux !
Ce qui le disent sont des fous.
Mort, mon grand péché radieux,Tout ce passé brûlant encore
Dans mes veines et ma cervelle
Et qui rayonne et qui fulgore
Sur ma ferveur toujours nouvelle !Mort tout ce triomphe inouï
Retentissant sans frein ni fin
Sur l'air jamais évanoui
Que bat mon coeur qui fut divin !Quoi, le miraculeux poème
Et la toute-philosophie,
Et ma patrie et ma bohème
Morts ? Allons donc ! tu vis ma vie !
3 commentaires:
Bouleversant, oui...A lire, relire, sans que l'émotion retombe, tant le choix des mots touche.
Ce sera toi
Le vent soulèvera les feuilles
Des platanes longeant un grand fleuve endormi
Nous marcherons sans hâte au bord de la lumière
Vers un clocher de vieille pierre à pointe grise
Comme dans l'au-delà d'un passé très lointain
La poussière du temps et cette opacité
S'abattant entre nous quand j'allais te rejoindre
L'ombre qui ricanait aux tournants de la ville
Pour te prendre pour t'enlever pour t'engloutir
Tout sera dissipé
Ton pas auprès du mien
De l'élan apeuré n'aura plus l'impatience
Obstinés répétant l'alphabet de la vie
J'essaierai de trouver la réponse précise
À la question que renfermeront tes yeux clairs
Pourtant nous serons morts et saurons toutes choses
Mais tout aura gardé la saveur de la terre
Le toucher de ta main même aura ce mystère
Du passé pétrifié dans le présent qui fuit
Toujours il y a eu toujours il y aura
En moi dans la clarté de cet été sans âge
Cette route et ce fleuve et cette vieille église
Mais je sais que l'enfant qui m'accompagnera
Ce sera toi (M. Béalu)
Le vent soulèvera les feuilles
Et parfois nous fermerons les yeux éblouis
Par le miroitement de l'eau comme si Dieu
S'amusait à nous aveugler de sa lumière.
Anneau de paix (Eluard)
J'ai passé les portes du froid
Les portes de mon amertume
Pour venir embrasser tes lèvres
Ville réduite à notre chambre
Où l'absurde marée du mal
Laisse une écume rassurante
Anneau de paix je n'ai que toi
Tu me réapprends ce que c'est
Qu'un être humain quand je renonce
A savoir si j'ai des semblables.
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