lundi 26 mars 2007

L'HEURE DÉROBÉE

Bien sûr, je n'ai jamais aimé ce changement d'heure. Qui l'aime? Il nous arrache du lit une heure plus tôt, et nous éloigne du soleil en prétendant nous annoncer l'été.
Mais cette année c'est bien pire.
On nous a volé cette heure, cette année.

Une sale convention qui se glisse en douce dans notre havre, à l'heure de tous les crimes, pour commettre l'un des pires qui soient. Pour dérober une heure, sans espoir de retour, assassiner soixante onces du plus précieux de nos trésors: le temps passé ensemble. Le temps à Nous, à la fin d'une semaine sombre où nous avions été séparés plus longtemps que de coutume.

Cette année c'est pire parce que le changement précédent ne saurait compenser celui-ci.
Les heures n'ont pas toute la même longueur, vous savez bien, pas toutes le même poids ni le même prix. Il y a les heures de travail et les heures de vacances, les heures d'embouteillages, les heures de migraine, les heures de jeu, les heures de sommeil. Il y a les heures d'amour.

Le changement précédent, l'heure offerte doucement au creux d'un dimanche d'automne, une heure pour se blottir, pour apprivoiser l'ombre et entamer l'Avent... Le changement précédent, que j'ai toujours chéri, était venu cette année aggraver l'attente, au temps où nous étions séparés par le fer et le sang.

Une heure de plus où nous agonisions d'attente.
Une heure de moins où nous nous blottissions ensemble.
Voilà un double crime qui demande réparation.
Une éternité ensemble. Au moins.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais aussi le temps qui court plus vite - pour toucher du doigt le jour d'un ensemble tous les matins

Anonyme a dit…

:) Anonyme fut plus rapide que moi.