lundi 4 avril 2011

IDENTITE : MÈRE AU FOYER

C'est une de mes découvertes de ces derniers mois. Une humilité nouvelle.
En jeune femme active et indépendante, en bonne fille de soixante-huitarde, j'avais quelque mépris pour la mère au foyer.

Femme à l'ancienne, sans élan, sans passion, sans vie hors de sa famille, à jamais dépendante de l'homme pour sa subsistance, Pénélope immobile attendant chaque soir le retour de l'aventureux, uniquement préoccupée des tâches de ménage et pouponnage, et quand du loisir lui advient, une fois la marmaille à l'école, livrée à la paresse intellectuelle des magazines féminins et des programmes télé ciblant les "ménagères de moins de cinquante ans".

C'était mon cliché.
C'était un cliché.

Depuis sept mois, je suis moi-même une mère au foyer, même si c'est pour la durée réglée et limitée d'un congé parental.
Et je réalise combien l'image était absurde.

D'abord parce que toutes leurs protestations sont vraies: leur occupation est bien un travail, au plein sens du terme. Certainement le plus exigeant de tous ceux que j'ai connus.

Ensuite parce que cet état ne change rien à la vie intérieure, à l'intense activité d'un esprit, à la nature profonde d'un caractère. Du moins pas en sept mois. Au contraire, il réclame énergie et adaptabilité au plus haut degré. C'est un état où il convient de faire fructifier chaque instant. Un état où l'on se sent éminemment vivant.

Enfin parce que le Web change tout. La femme au foyer n'est plus seule dans son cocon, sans autre contact que les voisines qu'elle visite. Elle est citoyenne du village global, comme chacun, plus que d'autres peut-être, comme tous les travailleurs à domicile. Elle dialogue avec ses amis proches ou lointains, avec des gens du monde entier, elle blogue, elle suit l'actualité… en fin de compte, elle n'est plus au foyer. Ou alors au sens mathématique du terme: elle occupe un foyer au sein de la grande ellipse du monde.

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