mardi 5 avril 2011

Identité : (Non)-Universitaire

Il y a des non-anniversaires, il pourrait y avoir des non-universitaires. Pas seulement pour la rime.
S'il en existait, je serais de ceux-là.

J'écris des articles, participe à des colloques — bien peu, quand le temps m'en est donné — mais je n'enseigne pas à l'université.

C'est un choix que j'ai fait, il y a des années, et que je commence seulement de regretter.
Il y a des années, j'ai choisi de passer l'agrégation plutôt qu'un doctorat. Puis d'enseigner sans attendre. C'est une de ces bifurcations significatives d'une vie, peut-être. Pourtant le choix n'a pas été difficile. Certes, je voulais être indépendante financièrement. Mais surtout, la perspective d'un doctorat de lettres ne m'enthousiasmait pas. Je doutais, à vrai dire, de l'intérêt profond de la recherche en littérature. Pas seulement de son intérêt pour moi, non, de son intérêt tout court.
La recherche apportait-elle vraiment quelque chose à la littérature ? N'était-elle pas vaine spéculation, jeu de miroirs souvent auto-réferentiel et auto-satisfait, interminables arguties, méticuleuses et pour tout dire fastidieuses interpolations ?
Ce qui importait, n'était-ce pas d'écrire la littérature, et de la lire, sans besoin de l'analyser si avant ?

Finalement, l'entreprise d'un doctorat de lettres n'avait rien pour me séduire. Je ne m'y amuserais pas. Et quand bien même je le mènerais à terme, il me faudrait encore entrer dans le ballet complexe des relations universitaires. Je ne m'en sentais pas la force.

Pourquoi regretter, à présent ?
Parce que la recherche littéraire, en France, est en train de bouger. De devenir passionnante. D'aborder, en tout cas, des domaines qui me passionnent.
Les littératures de l'imaginaire.
La littérature jeunesse.
Les frontières entre les genres, entre les arts.
Fan-fiction.
Creative writing.
Interactive storytelling.


Etre un non-universitaire ne suffit pas pour explorer toutes ces pistes.
Un non-universitaire, il faut bien l'avouer, n'est qu'un dilettante de la recherche.

Je me retourne et regarde ce carrefour, cette bifurcation manquée. Mais : si j'avais fait ce choix, je n'aurais pu venir m'établir aussi facilement près de Genève. Vivre avec le Bien-Aimé. Fonder une vie nouvelle.
Et voilà qu'en fin de compte je ne regrette plus.

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