mercredi 9 novembre 2005

CROULER

Gris.
Est-ce celui du calendrier seulement, entrée dans la moitié sombre de l'an, décalage horaire qui précipite nos soirées dans la nuit?
Est-celui du monde qui nous renvoie à la figure nos impuissances, nos erreurs, les limites de nos idéaux? Le monde qui nous rappelle que parfois la parole perd sa magie, que parfois l'humain glisse vers la violence, en une nuit, et à quel point nous sommes démunis face à ce glissement. Le monde qui nous rappelle que personne n'a raison, que personne ne comprend, même pas les hommes de bonne volonté riches de leur empathie.
Est-ce celui de mon propre monde, des visages fermés de quelques élèves que j'échoue à ouvrir, que j'échoue à toucher, qui lui aussi me renvoie à la figure ma propre impuissance de pédagogue? Celui de l'écart qui se creuse sous mes yeux ébahis entre une classe et l'autre, une classe et l'autre, à tous les sens de ce fichus noms?
Gris.
Le monde tremble et croule sur ses bases.
S'effrite entre mes mains.
La bonne volonté, l'empathie, l'émerveillement, la nuance, l'harmonie, l'amour, le courage... tout cela ne suffit pas. Tout cela semble vain, soudain. Et je ne sais plus. Où est l'issue. S'il y en a une.

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