Qu'avez-vous écrit dans les marges de vos livres? Que ressentez-vous le besoin de gribouiller pendant la lecture?
Je gribouille tant. J'aime les marges. Celles de mes livres sont comme des marginalia médiévales, envahies de notes, de ponctuation, d'esquisses parfois. Ceux qui vénèrent le livre comme objet (et parmi eux il y a quelques-uns de mes très aimés), ceux-là ont oublié le sens et l'histoire des livres. Un livre est une interface, un passage, un échange, un journal, un lieu de traces. S'il faut vénérer une magie du livre elle est dans les mots, et le miracle de leur effet sur notre coeur et notre esprit.
Les mots devraient être un peu plus sauvages, puisqu'ils sont l'assaut des pensées sur l'impensable. (John Maynard Keynes) Quels sont vos mots sauvages?
Dans la nuit ils marchent. Cinq Seigneurs ténébreux qui arpentent la terre depuis les temps où elle était plate. Le Mal, La Mort, La Folie, Le Destin, L'Amour. Et ils sont mes mots sauvages, à jamais.
Dans la nuit entre les mondes, dans les lieux qui ouvrent sur tous les univers, ils se tiennent. Sept Seigneurs qui n'ont pas de fin, qui changeront peut-être, mourront peut-être, mais existeront jusqu'à ce que la dernière étoile s'éteigne, jusqu'à ce que s'éteigne en nous le dernier écho de leurs noms. Le Destin, La Mort, Le Rêve, La Destruction, Le Désir, Le Désespoir, Le Délire. Et tous les noms sauvages de la nuit.
Car c'est toujours dans la Nuit que marchent nos mots sauvages.
Tant il est vrai (qu'Antigone incarne) "l'amour comme étranger à la condition humaine, ressortissant à la part de la Nuit qui est la part des dieux... Elle représente le rappel d'un espoir infime, rappel que la pensée de Créon a complètement occulté en nous : le fait que l'homme ne s'appartient pas, que son sens n'est pas le Sens, que le sens humain prend fin dès lors qu'on aborde à la rive de la Nuit, et que la Nuit n'est pas un néant, mais appartient à ce qui est au sens propre du terme... La nuit est l'ouverture à ce qui ébranle"
Jan Patocka, Platon et l'Europe
2 commentaires:
Quand j'étais petite, je mangeais les marges de mes livres en papier bouffant.
A l'école, je griffonais dedans... évidemment j'ai été punie. Faut dire que ça ne rigolait pas chez les Dominicaines. Soeur Blandine avait même convoqué ma mère et j'ai dû rembourser le livre avec mon argent de poche.
Maintenant je me rattrape avec les marges de mes manuscrits, quand j'en relis la version papier et que j'entre des tonnes de corrections ;op
Sinon, mes mots sauvages ? Imbolc, Beltane, Lugnasad, Samhain, solstice, équinoxe, tertre, Brug na Boyne, Tir na n'Og, soleil, hiver, saisons, passages, grottes, brouillard, tempêtes et horizons.
Sans oublier les spirales : la matrice et le temps (time, not weather).
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