jeudi 22 janvier 2009

PIGEONS & GARGOUILLES

Pour se débarrasser de quelques pigeons…

J'entends déjà les protestations indignées des Défenseurs des Animaux à Plumes et à Bec, et suis contrainte de m'expliquer.
Je n'avais rien, vraiment rien, contre les pigeons. Certes ce ne sont pas les plus malins des animaux, mais ils ont de belles couleurs irisées, et me rappellent Virginia Woolf, la place Saint-Marc à Venise, ainsi que Montaigne et La Boétie, grâces en soient rendues au Professeur Jean-Claude Ricci.
Je n'avais rien, vraiment rien contre eux, jusqu'à ce qu'ils décident de nicher sous les poutres qui surplombent notre terrasse et de faire leurs besoins sur notre linge étendu. Nous vivons, savez-vous, dans une région peu ensoleillée et sujette aux intempéries, et nous réjouissions de disposer d'une terrasse couverte pour y faire sécher notre linge à l'abri. A l'abri de Pluie et de Neige, mais pas des Pigeons.

Pour se débarrasser de quelques pigeons, il ne suffit pas d'ouvrir sa fenêtre à intervalles réguliers et avec fracas. Certes ils fuient à tire d'ailes — le pigeon n'est pas un oiseau courageux — mais reviennent dix minutes plus tard et roucoulent de plus belle — le pigeon a la mémoire courte.
Il fallait donc recourir à des spécialistes, de vrais chasseurs, des prédateurs-de-pigeons.
Ainsi me suis-je lancée dans de savantes reccherches, et j'ai fini par établir une liste des plus prometteuses. Trois peuples arrivaient en tête : les Chats, les Corbeaux et les Gargouilles.

J'étais donc terriblement chanceuse, puisqu'avec ces trois peuples je me trouve avoir des rapports privilégiés.

Les Chats, qui s'en vont tous seuls, veillent sur l'équilibre, et dont l'oeil cèle et révèle la sagesse — les chats semblaient les plus faciles à trouver, les plus familières présences. Notre immeuble en compte plusieurs, dont un éternel évadé, vagabond des toits, une ombre noire qui se glisse partout, à bon ou mauvais gré, et vient souvent derrière notre porte miauler à fendre l'âme. C'est encore un pouvoir des Chats : ils savent fendre les âmes, et peut-être, dans quelques rares cas, les recoller.
Mais voilà : s'ils marchent sur les toits, ils ont beaucoup plus de difficultés à marcher dessous, et ne peuvent donc pas déloger ces pigeons-là, qui nichent sous le toit.

Les Corbeaux m'accompagnent de leur ombre depuis longtemps. Eux et moi avons passé bien des pactes. Les pigeons les craignent à raison, se révélant plus sages que les humains. Mais ils sont si loin de nous, bien plus indépendants encore que les chats. Personne, jamais, ne se fait obéir d'un corbeau, pas même le Roi des Fées. Leur sens de l'humour, cependant, est presque humain. Ils m'ont fait la grâce de passer un jour, volant paresseusement sous les toits, chassant de leurs grands cris rauques les pigeons affolés. Ils ont fait cela, bien sûr, à l'instant même où j'arrivais, afin que j'apprécie leur don à sa juste valeur. Puis ils s'en sont allés. Ils obéissent à d'autres lois que les hommes, se meuvent dans d'autres temps.

Restaient les Gargouilles. Certes moins mobiles que les deux autres peuples, leur méthode est aussi plus radicale: elles ne se contentent pas de chasser les pigeons, elles les dévorent, crac, croc, déglutissent et digèrent. Elles sont aussi de mes proches. Je leur ai enseigné autrefois, je les ai écoutées, je leur ai offert sourire et respect, elles ont été mes sentinelles et parfois même d'étranges nourrices de pierre. Il se trouve que j'héberge en ce moment deux d'entre elles, dont les noms comme il se doit commencent par un G. Las! Ces deux-là, amollis par leur vie facile, sont devenus de vraies gargouilles de salon! Les pigeons crus ne sont pas un mets de leur goût, le froid et la pluie ne leur disent rien qui vaille. Elles ont décliné ma proposition avec indignation.

Depuis des semaines, nous n'étendons plus dehors.
Et les pigeons roucoulent toujours.

dimanche 18 janvier 2009

L'AFFICHE DE L'EXPOSITION


Une fois n'est pas coutume, un post-image.
Mais après tout, puisqu'il s'agit de peinture, je peux faire une exception de mots.

vendredi 16 janvier 2009

… COMMENCE PAR SOI-MÊME !



Une autre nouvelle, d'autres mots, que certains ont lu sur ce même blog, et qui accompagneront l'exposition des "Portes" de Chris Bourgue.

Porte entre les arts, porte-passerelle, porte du visible à l'invisible, et retour, porte qui dissimule, porte-secret, porte-miroir, porte qui s'ouvre sur les autres mondes…
Sans doute l'un des noms les plus chers à mon coeur.

Vous êtes tous invités !
Je serai présente à Trets le samedi 7 février après midi.

Château des Remparts
Bd Etienne Boyer
13530 Trets

tel : 04 42 61 23 76
Ouvert du mardi au samedi(inclus) de 9h30 à 12h et de 14h à 17h30.
Vernissage le vendredi 6 février à 18h30.
Expo du 3 au 14 février.

jeudi 15 janvier 2009

CHARITÉ BIEN ORDONNÉE…


Une note pour faire ma propre publicité, à l'occasion de la parution du "Tribunal des Corbeaux", un texte auquel je suis particulièrement attachée…

Une note pour rendre hommage à Léonor Lara, éditrice éphémère et attristée, écrivain rare et précieuse, qui a dirigé la revue Monk jusqu'à cet ultime numéro.

Une note pour rendre hommage à Alain Valet et à ses merveilleuses illustrations.

Chant du cygne de l’éphémère revue Monk

Après de nombreuses péripéties, quelques sueurs froides et pas mal d’angoisse, le numéro 4 de Monk est enfin paru ! A peine paru, et déjà collector : « Rapaces, phénix, noirs corbeaux… » sera en effet le tout dernier numéro d’une revue fugace et pas comme les autres…
Dans ses pages, vous découvrirez la gent à bec et à plumes comme vous ne l’avez jamais vue, guidés par les visions étranges d’Alain Valet et par les mots enchantés de Fleur Daugey, Gérald Duchemin, Delphine Imbert, Charlotte Bousquet, Marianne Lesage et François Fierobe. Vous rencontrerez un phénix à l’humeur vengeresse, une Effraie nostalgique, des volatiles inconnus, à la beauté meurtrière, d’autres si fragiles que vous voudriez les sauver, et une pleine assemblée de corbeaux prête à sceller le sort d’un royaume…
Le tout s’accompagne d’une surprenante missive, due à la plume inspirée de Denis Labbé…

Pour commander un exemplaire, il suffit d’adresser un chèque d’un montant de 6,90 € (frais de port compris) à :

Editions Silenda
Etoile Mirabeau n°3
50 avenue de Grenade
13100 Aix en Provence

Les numéros 2 et 3 restent également disponibles à la vente.

Et pour toute information, n’hésitez pas à adresser un mail à leonor.lara@free.fr

dimanche 4 janvier 2009

VOEUX

Il fut un temps où Noël durait douze jours. Douze jours de fête et de rites, hors du monde, douze jours de neige, d'étoiles et de feux, douze jours (un peu plus, nous sommes des Tricheurs) dans un havre à l'écart du monde et de tous les Réseaux.
Je reviens donc au monde, au travail, à vous.
Que cette page devienne carte de voeux géante. Carte du ciel, carte du tendre, constellations d'affections et d'espoirs.

A mes Amies.

A Nathalie et Lucie, Renaissance et Lumière.
A Nathalie. Que cette Nativité soit la sienne, encore et toujours, qu'elle ait beaucoup plus de Neuf Vies. Que les Lumières qui brillent en hiver se souviennent qu'elle est des leurs, et la fassent rayonner. Que tous voient cette lumière.
A Lucie. Que le monde lui rende la pareille. Avec la même bonté, la même énergie, le même espoir. Que le monde lui rende tous les sourires qu'elle a offerts.

A Hélène, qui vient de me rappeler à d'anciens paris, d'anciens serments, d'anciens liens. Encore une naissance, encore une lumière.
A Elriel, forcément, que je n'ai pas oubliée, à qui je pense chaque Noël, pour le plus grand des miracles d'hiver.
A Shaya, que j'ai manquée encore, qui réveillonnait au soleil du Sud, loin de mes frimas. C'est aussi un temps de rendez-vous manqués, de rendez-vous promis.
Au Gabian, pour un autre rendez-vous manqué, et les sortilèges de la distance qui parfois rapprochent les esprits.
A Lisou, qui était là, et ne lit pas ce blog, pour lui redire en secret combien j'ai aimé leur présence au tournant de l'année, et combien ses compliments me touchent. Pour rougir.

A mes Amis.

A ceux avec qui j'ai passé maints réveillons, avant le Temps des Grands Exodes.
A Fabrice, à Julien, à Nico, à Rémy.
Toujours.
Je n'oublie pas.
Des liens même dissous quelque chose demeure, impalpable, innommable, un réseau qui n'est pas celui que j'arpente ici.

A Fredou, aux Poètes, aux Créateurs de Monde.

A Kerglas.

A tous les autres avec qui j'ai joué d'un côté du miroir ou de l'autre.


A mes Ambriens.
Le temps était trop précieux, l'air trop cristallin, l'instant trop miraculeux pour que je ne pense pas à Ambre, à vous, à ce que nous en avons fait ensemble, à ce que nous en ferons peut-être tandis que l'univers se précipite vers sa fin.
A Edgar, à Emrys, à Fenis, à Jemtrid, à Jorune. A tous les autres qui vivent en moi et en vous.
A leurs joueurs, éparpillés dans une autre bizarre cartographie, taches de couleur projetées sur une carte d'Europe.
Aux fidèles !
Aux infidèles !

Aux Elèves.

A ceux qui restent et qui finalement ne sont pas ceux que j'ai choisis, élus, honteux favoritismes, mais ceux qui ont choisi de lancer de tels fils, de déposer leur étoile sur la carte.
A ceux qui passent leur bac, à ceux qui naviguent dans les eaux troubles au-delà.
A Arnaud, à Alexandra, à Thomas, à Oona, à Eloïse.
A tous les autres.

A tous les autres.
Ceux que j'oublie, ceux que je néglige, ceux à qui je manque, ceux qui me manquent, ceux que je tais.

Naissances, Lumières, Liens.
Revenons au monde.
Renouons au monde.

samedi 13 décembre 2008

BEWITCHING CHRISTMAS

Il faudrait un mot pour ces inventions à mi-chemin entre l'idée et le rêve, émergées du sommeil (et parfois aussi de la Migralgine): idream, en anglais ? en français, oniridée? Je ne sais pas, mais l'appel à mots est lancé.
Entre état grippal, mois de décembre, relecture des Harry Potter et visite chez Schilliger ce livre a donc surgi dans mes pensées.

L'édition 2008 du best-seller sans cesse remis à jour BEWITCHING CHRISTMAS, astuces et sortilèges pour les plus beaux Noëls sorciers !
On y trouverait tout :

…des calendriers de l'Avent: un tour d'horizon du marché, depuis les classiques ("Bertie Crochue et les 24 saveurs de Noël"; les calendriers Chocogrenouilles où l'on trouve toujours Merlin ou Dumbledore pour le 24 décembre car ce sont les seuls à accepter de se déguiser en Père Noël…) jusqu'aux contestés Avents Divinatoires réalisés à partir du thème astral de votre enfant par Madame T…, voyante extralucide, en passant par les nouveaux Calendriers Surprises de chez Weasleys' Wizard Wheezes (et des solutions exclusives fournies par George Weasley lui-même en cas de débordement intempestif de certains sortilèges…). Tout pour réaliser des calendriers "maison" et bien sûr les indispensables Charmes Calendaires et autres Sortilèges de Limitation de Date pour empêcher les petits curieux ou gourmands d'ouvrir toutes les fenêtres dès le 1er décembre…

…des astuces pour la plus féerique des décorations de Noël: les meilleures conjurations de tapis de neige (qui ne mouille pas, ne fond pas, ne crisse pas avec un bruit de plastique), les enchantements de Flocons, de Givre Magique pour vos fenêtres, de stalactites cristallines pour votre sapin; les conseils des meilleurs Botanistes pour choisir votre sapin, l'enchanter sans nuire à sa croissance, et le transplanter aisément dans votre salon (puis hors de votre salon après les fêtes !); comment remettre à neuf les décorations des années précédentes (et comment vérifier l'état des sortilèges pour les accessoires enchantés: n'oubliez pas qu'un sortilège ayant dépassé la date de péremption peut se révéler extrêmement dangereux); comment utiliser des Fées pour vos décorations de Noël (sans occasionner de blessure physique, psychologique et morale aux dites Fées, conformément à la législation, chapitre validé par la Société de Protection des Créatures Magiques)… Nouveau cette année: des idées de Noëls aux couleurs de votre maison de Poudlard favorite!

les plus extraordinaires des lumières magiques: Chandelles Flottantes, Lucioles apprivoisées, Voies Lactées domestiques, Etoiles des Neiges, Guirlandes Stellaires, les plus performants des enchantements Multicolores, y compris des assortis automatiques pour les sorciers daltoniens. Ce chapitre inclut les dernières avancées en matière de Sortilèges Gèle-Flammes, des solutions adaptées aux environnements les plus inflammables et à la présence de très jeunes sorcier(e)s…

…et bien d'autres choses: les derniers sortilèges de Chaussons Sans Fond pour caser tous les cadeaux dans chaque paire de souliers (et les sorts de secours pour récupérer objets ou sorciers qui y seraient tombés par mégarde); les Pièges à Cheminée de Weasleys' Wizard Wheezes qui ont déclenché l'an dernier une telle polémique; les meilleurs moyens d'enchanter le Gui pour inciter au baiser les sorciers et sorcières qui passeront dessous (avec un démenti officiel des Botanistes de l'Académie: non, le Gui n'est pas infesté de Nargoles, c'est un végétal sain et sans danger qui peut être suspendu dans toute maison de sorciers); les meilleurs enchantements musicaux de christmas carols (y compris le fameux Swing Zap' : transformez les poncifs de Celestina Moldubec en tubes rock n'roll)…
Les familles les plus traditionalistes se réjouiront de retrouver la célèbre Mesure à Enfants Sages qui permet de déterminer combien de cadeaux méritent réellement vos bambins.

…et bien sûr de nouvelles recettes de fête pour votre réveillon, ainsi que les meilleures Potions anti-gueule de bois et indigestions pour les lendemains difficiles…

Disponible dans toutes les bonnes librairies !
Chez Fleury et Bott, pour chaque exemplaire acheté de l'édition 2008 de BEWITCHING CHRISTMAS vous sera offert un rouleau de papier cadeau auto-pliant de la couleur de votre choix.

lundi 8 décembre 2008

LE PAYS OU JE VIS (1)

(Pour ma Filleule, qui se demande où habite sa Marraine)

Le Pays où je vis, depuis près de deux ans, est une drôle de terre. Une frontière, comme je les aime. C'est un pays coincé entre deux pays — deux vrais pays, ceux qui sont sur les cartes et ont droit à une couleur sur les planisphères.
La Pays où je vis appartient à la France, officiellement. Mais si les frontières étaient géographiques, il ne le serait pas. Il est séparé de la France par la plus solide des frontières: une chaîne de montagnes.
Le pays où je vis est coincé entre le Jura, les Alpes et le Léman. Il est tellement plus proche de la Suisse que les Français ont essayé de le vendre aux Genevois, il y a longtemps, pour quelques francs symboliques. Genève a refusé avec horreur: si elle l'avait englobé, elle aurait basculé entre les bras des Infâmes Papistes, et se serait retrouvée à majorité catholique. Inacceptable, vraiment.
Il est donc resté français, mais il est beaucoup plus rapide de s'y rendre à Genève que dans n'importe quelle ville française (y compris sa préfecture). D'ailleurs, beaucoup de choses y sont suisses (les loyers, par exemple, et les plaques d'immatriculation d'une voiture sur deux).

C'est tout de même une frontière: il y a des douanes partout, sans quoi on pourrait passer la frontière sans s'en apercevoir (cela arrive même sur les terrains de sport du lycée). C'est plutôt amusant, les douanes, avec les chicanes et les drôles de petites maisons étroites et hautes, des maisons de garde-barrières. Ce qui est moins amusant, ce sont les douaniers. Heureusement, beaucoup de douanes sont "volantes". Ce qui ne veut pas dire qu'elles gardent les airs et régulent la circulation des tapis volants, mais tout simplement qu'elles sont privées de douaniers. Enfin, presque toujours. Parfois ils y déboulent en catimini, en motos. Mais pas en motos volantes, dommage. Heureusement aussi, les douaniers n'arrêtent jamais les jeunes femmes aux yeux bleus. Quand je passe la douane, je baisse ma vitre, j'ôte mes lunettes de soleil, et je souris.

C'est un drôle de pays, qui se prend un peu au sérieux. Il y a de quoi: de mes fenêtres, je vois le Jura d'un côté, et de l'autre, le plus haut sommet d'Europe et le plus grand lac d'Europe (autant faire d'une pierre deux coups). De l'autre côté du Lac, c'est encore la France: la frontière a un dessin très compliqué. Mais les gens qui habitent là-bas sont méprisés de tous, des Suisses et des habitants de mon Pays. Fi, ce sont les pires étrangers!
Toutes les villes et tous les villages ont un nom qui se termine en -X ou en -Y. Sûrement parce que ce sont les lettres les plus chères. Pour tendre des pièges aux étrangers, on ne prononce pas les -X. Pour raffiner le piège, on en prononce tout de même un, celui de la ville qui donne son nom au Pays.
Il y a toutes sortes de pièges, d'ailleurs. Les nombres sont aussi compliqués à épeler que les toponymes locaux. Dans les magasins, on vous propose gentiment un cornet.
Toutes les villes prétendent au titre de Ville-Porte.
Il faut croire qu'on ne sait plus trop où se situe la porte, à force de longer des frontières.
On ne sait pas non plus sur quoi elle ouvre.

Le Pays que j'habite est souvent enfoui sous les Brumes. Il faut grimper sur les montagnes pour en émerger, et contempler d'en haut cette mer de nuages à la Caspar David Friedrich.
Il est peut-être dans l'Autre Monde.
Il en serait bien capable.

Je traverse la Porte chaque jour.